Magazine
Circuits et découvertes dans les « balcons » du Mont Blanc
Si les routes qui conduisent aux remontées mécaniques et au départ des chemins de randonnées sont bien connues, bien des lieux sont ignorés ou traversés trop hâtivement aux alentours du Pays du Mt Blanc.

Eglise St Nicolas et chaîne des Aravis, Combloux (Photo: Bernard Blanc)
La région des Alpes du Nord est dite « Pays du Mt. Blanc » : hiver comme été, elle est l’une des plus grandes destinations touristiques du monde car la montagne y est insatiable. Elle allie multisports et joie de vivre, élans vers les hauts sommets, randonnées pédestres, alpinisme, sports de glisse à l’envie de faire la fête… et recèle également de secrets et trésors trop souvent méconnus !
De part et d’autre de l’arc de cercle que décrivent conjointement le cours de l’Arve et l’autoroute A 40, de Sallanches à la vallée de Chamonix-Mt. Blanc, face aux mythiques sommets et neiges éternelles des plus hautes cimes des Alpes, s’égrènent une série de localités bien connues. Toutes, qu’elles soient petites villes, bourgades, villages ou lieux-dits, sont plus ou moins célèbres, prisées, voire adulées selon sa propre histoire, son destin, ses offres et qualités. Toutes partagent le même environnement, le même panorama, les mêmes fameuses « saisons d’hiver », « saisons d’été » et autres. Mais chacune a une ou plusieurs raisons d’être dotée du qualificatif « à retenir » et de donner envie « d’y aller » ou « d’y revenir ! »
Au nord de l’Arve et d’ouest en est, au pied du « Grand Massif », Sallanches, la première, offre le spectacle grandiose du « pays du Mt. Blanc » ! Là, trois possibilités : au nord, la découverte des communes de Passy, du plateau d’Assy et Servoz… ; au sud de l’Arve et de l’autoroute, l’itinéraire Cordon, Combloux, Megève… ; au sud-est, celui du Val Montjoie et des communes de St. Gervais les Bains-Le Fayet, Les Contamines-Montjoie, St. Nicolas de Véroce et Notre Dame de la Gorge.
La plage au pied du Mont Blanc
Premier balcon, la petite ville de Sallanches est considérée comme « la capitale du Mt. Blanc » car elle offre le premier vrai « tête à tête » avec le sommet le plus haut d’Europe. Le spectacle est à couper le souffle et le panorama porte sur les trois massifs prestigieux que sont la chaîne des Aravis, le Grand Massif et la chaîne du Mt. Blanc! On peut prendre le temps de satisfaire ses émotions esthétiques car la ville est noyée par la circulation automobile. Alors, attardez-vous… L’été, paradoxalement, en ce cœur des Alpes, on trouve « la plage » où l’on peut piquer une tête dans l’eau avant ou après avoir affronté les massifs environnants. Trois jolis petits lacs « des Ilettes » offrent « la mer » ! Certes, une mer en miniature, mais dans un cadre inespéré : l’un est dédié aux bains, le second l’est à la pêche et le troisième plutôt à la planche à voile ce, à moins de 2 km du centre-ville.

Sallanches (Photo: Sally Payne)
Durant les quatre saisons et plus pédagogique, le « Centre de la nature montagnarde », soit « 600 m2 d’expo ludiques et interactives, au Château des Rubins, demeure seigneuriale du XIVème au cœur de la ville (excellent fléchage d’accès et vaste parking gratuit). Il se consacre à l’environnement et au patrimoine naturel montagnard de manière très vivante et attractive avec de nombreuses vitrines et tableaux, écrans tactiles, CD, films 3D… Les thèmes les plus variés y sont présentés et remarquablement traités : mœurs animalières, grands prédateurs, activités humaines de l’alpage, formation des changements climatiques, milieux lacustres et rôle de l’eau, menaces qui pèsent sur ces milieux naturels… Le « Centre » constitue bien l’entrée par excellence pour découvrir et comprendre les vies multiples du Pays du Mt. Blanc. Ne sautez pas cette étape !
Des sculptures en pleine nature
Quittons Sallanches en direction de la commune et chef-lieu de « Passy ». Ce second balcon regroupe dix villages et le « Plateau d’Assy ». Les itinéraires se mélangent suivant que l’on privilégie tel lieu-dit, telle localité ou telle route. Dans tous les cas, celle-ci s’élève et si l’on prend celle dite « de la sculpture contemporaine », l’on peut apprécier 13 œuvres monumentales des années 1970-2010, de A. Calder à A. Féraud, C. Semser, A. Cardenas, J. Gardy-Artigas… dans les virages ou dans la nature… et plus la route monte, plus l’on traverse des replats boisés où se développe avec majesté la vue sur l’immense chaîne du Mt. Blanc !
Autre lieu à connaître, le Plateau d’Assy, autour duquel se succèdent d’imposants bâtiments qui sont d’anciens sanatoriums construits dans la première moitié du XXème pour des malades atteints de la tuberculeuse, aujourd’hui reconvertis diversement en villages de vacances, résidences… Mais l’essentiel est l’église « Notre Dame de Toute Grâce », le joyau passerand (habitant de Passy), bâti par l’architecte savoyard Maurice Novarina. Cette église dite du « parcours de la grâce » voulue par le chanoine Jean Devémy, alors aumônier des sanatoriums, s’inscrit, avec son allure de grand chalet traditionnel, dans un accord parfait avec le paysage et la Chaîne du Mt. Blanc. C’est sur les conseils de Marie-Alain Couturier, directeur de la revue « L’Art sacré » que le chanoine Devémy va « parier pour le génie » et inviter les plus grands artistes modernes, quelque soient leurs croyances, leur foi ou idéologies, à participer à cette grande aventure de l’art sacré : P.Bonnard (St. François de Salles) ; M.Chagall (céramique « la traversée de la mer rouge », dans la Chapelle des fonts baptismaux) ; J.Lurçat (la monumentale tapisserie « la femme et le dragon », dans le choeur) ; H.Matisse (la céramique de St. Dominique) ; G.Braque (la porte du tabernacle) ; F.Léger (mosaïque du visage de la Vierge de la façade)… Ainsi, l’humble église du plateau d’Assy, grâce aux artistes qui participent à cette épopée artistique, constitue un véritable manifeste d’art moderne de l’époque. Au final, le résultat est exceptionnel.
Toute autre atmosphère est celle de Plaine-Joux, petite station familiale à 1 360 m d’altitude qui présente plusieurs mérites, celui d’un lieu tranquille, celui d’un lieu élevé assurant une vue sublime sur la chaîne du Mt. Blanc, celui d’offrir au public le Chalet de la Réserve naturelle de Passy », créée en 1980 et d’une superficie de 1800 hectares et celui de proposer au promeneur le joli site du « Lac Vert ».
Un patrimoine naturel d’une grande diversité
La « Réserve naturelle », de moyenne altitude, entre 1360 et 2900 mètres, résume à elle seule l’histoire des montagnes de Haute Savoie : diversité des milieux naturels, contraste minéralogique, nature calcaire et siliceuse, jeunes falaises des Fiz… ; la grande diversité de sa faune allant de l’hermine, marmotte, gélinotte, bouquetin, chamois au lagopède alpin… ses nombreux oiseaux, de l’aigle royal au gypaète barbu…, sa flore exceptionnelle avec 560 espèces répertoriées qui bénéficient d’une opposition de milieux secs et humides et, naturellement, ses troupeaux de vaches et moutons en alpages.

Rochers des Fiz (Photo: Richard Jones)
Au pied de la chaîne des Fiz, Servoz est un village typiquement savoyard et le plus tranquille de la vallée. Son patrimoine naturel compte les vigoureuses gorges de la Diosaz. Sentiers et passerelles permettent d’approcher torrents et cascades et de pénétrer dans l’étroite fissure de la montagne… Un grand spectacle pendant plus d’une heure! La commune bien connue « Les Houches » dont le nom, en celte, signifie « terres labourables » constitue, elle, la porte d’entrée de l’illustrissime « vallée de Chamonix ».
Autre itinéraire, « Cordon- Combloux- Megève… »
Le charmant village de Cordon s’impose, pas seulement parce que, il y a de nombreuses décennies, Brigitte Bardot avait été séduite par cette commune surnommée à juste titre « le balcon du Mt. Blanc ». Adossé à la chaîne des Aravis, Cordon, loin de rivaliser avec St. Tropez, a su heureusement garder son calme tout en incarnant la Haute Savoie par ses fêtes et manifestations comme par son église érigée fin XVIIIème, dont le « baroque » surprend et éblouit. Un style consistant, à l’aide de l’architecture, de la peinture et de la sculpture, à mettre en scène la foi autour de somptueux retables au XVIIème et XVIIIème qui réaffirment l’importance de l’imagerie religieuse et intègrent de nombreux décors en bois doré, des colonnes torses… une profusion d’ornements qui unissent et font la fierté des habitants. Cordon offre un admirable décor peint qui retrace et raconte la vie du Christ et de la Vierge, l’histoire du christianisme. Le tout dans une lumière qui affirme le triomphe de la foi. Autre atout, mais beaucoup plus prosaïque celui-ci, la présence d’un pain d’une excellence qui exclut tout rival : la boulangerie Mugnier travaille comme au XVIIIème, et loin de vieillir, le pain en est rajeuni d’autant !
Panorama à 360°
Autre village remarquable : Combloux, « la combe aux loups » ou « la perle des Alpes dans l’écrin des glaciers » pour Victor Hugo, est une station calme, paisible, cossue, offrant, au cœur des près qui l’entourent, son panorama « d’exception » sur 360°, alliant trois chaînes, celles du Mt. Blanc, des Fiz et des Aravis.
L’illustre et brillante « Megève » met face à face un art de vivre, un sens de la fête, le chic, le culte et l’exaltation, la qualité du domaine skiable et la puissance de l’appareil touristique, le standing, les mondanités et la jet-set, le luxe de ses magasins et palaces… L’énumération restera toujours insuffisante. C’est Gstaad ou St. Moritz en France. Ce n’est pas pour rien que Megève fut lancé au lendemain de la 1ère Guerre mondiale par la baronne Noémie de Rothschild ! Mais, heureusement, il y resterait encore des vaches et la commune a sa place du village où l’on se promène agréablement, son petit musée, son calvaire et son église : le musée est une vieille ferme au centre de la ville qui présente la vie montagnarde au XVIIIème et XIXème et une histoire du ski. Le calvaire, réplique de celui de Jérusalem, égrène 15 oratoires et chapelles qui mélangent les styles gothique, baroque, rococo, toscan… ce, du village au Mt d’Arbois ! L’église St. Jean Baptiste mélange elle aussi presque tous les styles du XIème au XIXème siècle.
Dernier itinéraire, la vallée du Val Montjoie
Le Val Montjoie, habitée depuis plus de 4 000 ans, est une petite vallée commune à ces localités : elle court et serpente le long du Bon-Nant qui se déverse dans l’Arve, de St. Gervais au col du Bonhomme et se termine à la chapelle de Notre-Dame-de-la-Gorge, au fond de la vallée des Contamines. Au XIIIème, Béatrice de Savoie, amoureuse de cette vallée, de ses marmottes, de la multitude de ses paysages, de ses gorges et prairies en fit sa devise : « Montjoie est ma joie ».
Saint-Gervais-les-Bains « la capitale des Alpes », bien que ses deux gares, sises à Le Fayet, ne soit qu’à 580 m d’altitude, s’honore d’être la plus haute commune de France ! Ce qui s’explique par le tracé français de la frontière franco-italienne qui passe par une ligne de crête au sud du sommet du Mt. Blanc et cette partie, entre la frontière et la crête sommitale, est attribuée à la commune de St. Gervais !

Saint-Gervais-les-Bains (Photo: Isriya Paireepairit)
Il fait toujours bon vivre à St. Gervais, vieille station thermale qui participa à la grande vogue des bains au XIXème après la découverte des sources thermales du Fayet. La catastrophe de 1892 due à la rupture d’une poche d’eau accumulée sous le glacier de Tête Rousse emporta dans sa coulée de boue et de rochers tout sur son passage, l’établissement thermal faisant plus de 200 morts et stoppant brutalement la bonne fortune de la ville. Mais St. Gervais n’a pas baissé les bras. L’établissement thermal s’est progressivement reconstitué et il est dès lors très largement fréquenté pour le bien-être de ses eaux à 38° et à diverses fins médicales. Ajoutons que la promenade dans son parc vaut vraiment le détour !
St. Gervais-Le Fayet s’est tout autant ouvert tous azimuts : arrivée du train PLM en 1898 ; gare de base du « Tramway du Mt. Blanc » le Fayet-Nid d’Aigle au glacier de Bionnassay, d’où part la « voie royale » pour le Mt. Blanc ; gare également de la ligne historique St. Gervais-Martigny, dans le Valais ; construction de téléphériques, équipement, ample développement du domaine skiable à Bellevue, au Bettex, au Mt. D’Arbois relié à Megève aux Contamines. A découvrir dorénavant la maison forte « de la Haute Tour » qui retrouve une place digne d’elle dans le vieux « Centre Gervolain » et dont le chantier de réhabilitation a été engagé il y 4 ans ! La visite s’impose car elle constitue un haut lieu du patrimoine français. Ces maisons fortes ou fortifiées apparaissent dès la fin du XIIème et perdurent jusqu’au XVIIème. St. Gervais est l’une des rares communes de Savoie à avoir conservé autour de son bourg autant de maisons fortes intactes qui appartenaient à des familles alliées ou à des grands seigneurs. Datant du XIIIème « Haute Tour » est sauvée par l’Association St. Gervais-Patrimoine vivant et rachetée par la commune qui entend la consacrer à deux thématiques : la Maison frontalière des Guides St. Gervais-Courmayeur et à des Résidences d’artistes, toutes disciplines confondues.
De multiples petits villages savoyards authentiques
Autre village qui mérite le détour, St. Nicolas-de-Véroce. Petit village qui présente son admirable balcon-panorama sur la chaîne du Mt. Blanc, Bionnassay, le Dôme du Miage, les Fiz, les Aiguilles de Chamonix…, il présente deux autres richesses : son église du XVIIIème et son musée d’Art sacré dans l’ancien presbytère. Cette paroisse, sur l’ancienne route du Piémont à Genève et au Valais était avec celle de Notre-Dame-de-la-Gorge la seule du haut Val Monjoie, St. Gervais étant celle du bas. Dans l’église, l’une des plus belles du pays du Mt. Blanc, éclatante de couleurs où la lumière pénètre par de larges vitraux, baroque et néoclassicisme rivalisent. Mais ce qui frappe le plus, ce sont la très belle architecture de façade, le retable avec ses trois niveaux, les autels latéraux ornés de colonnes torsadées et le tableau d’autel consacré à l’histoire de St. Nicolas, « l’évêque secourable », d’une grande foi et charité, sa vie, ses miracles… Le musée réunit quant à lui les objets précieux de l’église et de sa sacristie mais aussi ceux des chapelles des environs, de vraies merveilles : sculptures, tableaux, pièces d’orfèvreries (encensoirs, ciboires, calices…) vêtements sacerdotaux… des centaines de pièces d’une grande richesse.
On ne peut éviter d’évoquer les Contamines-Montjoie, le balcon de la « ceinture » du Mt. Blanc. Le nom de Mont Jovis provient-il de « mont Jupiter » ? Contamines provient-il de « condominium », soit « communauté », « droit exercé en commun » avec des variables possibles selon le hameau, la ou les fermes, les terres ?… On peut s’interroger… Qu’importe, la Réserve Naturelle des Contamines, créée en 1979 est la plus haute de France et présente une très grande variété de roches, glaciers, faune et espèces nocturnes… ; le village est éminemment sympathique été-hiver comme d’ailleurs partout en montagne ; les balades et randonnées sont « merveilles » et méritent d’être vécues. Au final un réel bonheur dans ce très agréable et reposant village-station de montagne avec ses belles vieilles fermes… c’est déjà beaucoup !
Autre « vitrine de l’art baroque », Notre-Dame-de-la-Gorge, qui clôt la vallée dans un désordre de forêt de sapins et de feuillus où chante et gazouille le torrent. Selon la tradition, un ermite se serait installé dans la Sainte Chapelle dès la fin du XIIIème, afin d’offrir un abri aux voyageurs. Vers 1340, ce sanctuaire deviendra « paroisse » du village de la Gorge. Victime d’un incendie au début du XVIème, la paroisse n’est reconstruite que début XVIIIème avec quinze petits oratoires puis restaurée milieu XXème. La route s’arrête à cette ancienne « paroisse », très ancien lieu de pèlerinage, qui se dresse face à l’abrupt de la montagne mais, en fait, la domine de sa frêle présence. La façade est joyeusement décorée de trois cartouches avec une devise : « C’est moi la mère du bel amour » ; « Qui trouve Marie trouve la vie » ; « Elle est fondée sur les montagnes saintes ». L’ornementation intérieure est d’une grande richesse avec trois retables dorés de style baroque au-dessus des autels, le tout splendidement rénové, et une poutre de gloire complète le chœur. On entre, on s’assied, longtemps… comme le firent, en leur temps, Claudel, Gide, Green, Mauriac…
Ce « Pays du Mt Blanc » offre tant de visions à vivre que nous ne suggérons ici que les principales… Partant de Sallanches ou de St. Gervais, ce sont des regards que nous proposons sur des lieux qui ont, tout à la fois leur identité propre et le même environnement. Imposant « puissance et émotion » l’omni présence du Mt. Blanc-versant français, majestueux avec son double cortège de monts vers le nord et vers le Sud, ne fait qu’en accentuer le vrai plaisir. La prochaine découverte, celle de Chamonix-Mont Blanc s’impose car c’est l’une des plus mythiques destinations touristiques aux yeux du monde entier. Le sommet y est si proche qu’il subjugue et fait rêver.
Rejoignez "Allovoyages.fr - Le Magazine" sur Facebook, et recevez nos meilleurs articles sur votre fil d'actualité.
Les Articles les plus lus
Derniers Articles
Barcelone à portée de train avec Renfe-SNCF
Cinq parcs de loisirs en Normandie à découvr...
Hôtel pas cher - Paris 11 : la sélection de...
Grenoble : « Au bout de chaque rue, une mon...
Restaurants végétariens à Paris: 10 adresses...
Hôtels proches de la gare à Chambéry : la sé...
Hôtel Deauville centre ville : la sélection...
Trouver un week-end pas cher à Lisbonne : où...
Gérardmer, cœur des Vosges
Hôtel Annecy dans le centre ville : la sélec...