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Vosges : Un hiver dans la Bresse

Par Elise Chevillard / Publié le 19.12.2019

Qui a dit qu’il fallait partir loin pour être dépaysé ? A seulement 3 heures de Paris, venez succomber à l’appel des Vosges et de sa nature préservée, le temps d’une escapade un weekend ou pendant les vacances d’hiver. C’est à la Bresse, petite bourgade montagnarde, et dans ses alentours que nous avons posé nos valises. Au programme : ski sur le plus grand domaine skiable des Vosges dans une station authentique et familiale, découverte du parc aventure Bol d’Air mais aussi du patrimoine culturel, autour des métiers du bois et du textile qui mettent en avant les ressources naturelles des Vosges.

Domaine Alpin La Bresse Lispach. crédit photo OTL

Venez goûter aux plaisirs de la glisse sur les grands espaces enneigés des crêtes vosgiennes

Véritable paradis pour les randonneurs, les amoureux du grand air et du grand vert, le Massif des Vosges se pare d’un doux manteau blanc une fois l’hiver venu, sur ses sapins et ses sommets. Située au cœur du Parc Régional des Ballons des Vosges, La Bresse-Hohneck est le plus grand domaine de ski alpin du Nord-Est de la France. Il compte une trentaine de pistes réparties sur 220 hectares à travers forêts et lacs. Luge, ski alpin, ski de fond, snowboard, raquettes, traîneau…Le domaine est labellisé Famille Plus Montagne. On vient ici s’initier sur ses pentes douces ou parfaire sa glisse en hors piste. Une fois au sommet du Hohneck qui culmine à 1 363 mètres d’altitude, la fameuse ligne bleue des Vosges  nous ouvre ses plus belles perspectives.

La Bresse-Hohneck se compose de deux autres stations qui sont le vaste domaine nordique de la Bresse-Lispach  (910 m – 1120 m), situé a 8 kilomètres du centre de La Bresse sur le site du Lac de Lispach. On y retrouve huit pistes de ski adaptées à l’apprentissage avec un jardin des neige, un tremplin de saut à skis et deux pistes de luge sécurisées. La Bresse Brabant perchée entre 870 mètres et 1000 mètres est une petite station familiale qui propose notamment un espace débutant pour les skieurs.

Domaine Alpin La Bresse Lispach. crédit photo OTL

La station bressaude propose également une grande variété d’activités hors ski, et est également un rendez-vous important pour les raquettistes, et autres adeptes de randonnées nature. Sur le domaine de La Bresse-Hohneck un forfait piéton est destiné exclusivement à cette activité et permet aux randonneurs d’emprunter le télésiège Vologne pour faire l’aller-retour jusqu’au sommet des crêtes. Amateurs de sensations fortes, laissez-vous tenter par la luge Schlitte Mountain. Montée sur rails, elle dévale sur une piste 900 mètres entre virages et vrilles. On peut aussi piloter une motoneige, s’essayer au poney luge, ou bien faire des balades en chiens de traîneau, en kart et en cani-rando.

Prenez un bon Bol d’Air entre ciel et terre 

Bol d’Air, Accrobranche EliseChevillard© Tous droits réservés – 2019

Crée par Régis Laurent, passionné de parapente et de montagne, Bol d’Air est un parc d’aventures de 8 hectares, pas vraiment comme les autres. Ici, on vient escalader les arbres, voler au-dessus des sapins, s’essayer au parapente, mais aussi se balader pieds nus ou encore sauter dans des filets suspendus.

Tout commence par une histoire de parapente justement. Piqué par cette activité, Régis Laurent ouvre la première école dans les Vosges et par la suite le premier gite pour accueillir les élèves qui viennent ici en stage. En plus de proposer des hébergements, il continue de développer des activités accessibles à tous, dans un cadre préservé pour faire partager son amour pour la nature. Le site d’accrobranche voit le jour dans les années 2000, puis chaque année, c’est une nouvelle activité qui vient agrandir le parc. Régis Laurent acquiert également une ancienne ferme, « La Ferme de ma grand-mère »  qui peut loger jusqu’à 42 personnes.

Michel Laurent – Bol d’Air

Après avoir franchi la passerelle suspendue, on entre dans le parcours d’accrobranche et ses 120 exercices dans les arbres. Un peu plus bas, le long de la rivière, le sentier pieds nus est un moyen de ressentir d’autres sensations. Vous les préférez fortes ? Le parc n’en manque pas, avec comme activité phare le Fantasticable. Seul ou à deux, vous pourrez survoler la vallée de la Bresse, lors d’une descente à plus de 100km/heure suspendu à un câble long de plus d’un kilomètre. A moins que vous ne préfériez le Bol d’Air Line, un slalom entre les sapins, avec des virages à 360 degrés et un 720 unique au monde. Ou Helicopt’Air, le seul simulateur de France utilisé avant un survol réel en parapente, et doté d’un casque de réalité virtuelle. Il y a aussi le Propuls’Air et le saut à élastique. Un explore game au cœur de la forêt est attendu au printemps 2020. L’objectif ? Sauver notre futur dans un jeu de piste dont vous serez le héros.

Michel Laurent – Bol d’Air

En complément du parc, et ouvert à toute la famille, le Bois des Lutins a été créé en 2018 pour sensibiliser à la nature de façon ludique. Entre les nombreuses cabanes perchées, une araignée a fait sa toile, déployant ses filets qui deviennent des trampolines.  La forêt est ici respectée, et non dénaturée. Pour se rendre à la plupart des activités, le trajet se fait à pied sur un sentier, permettant ainsi de découvrir la faune et la flore. Des arbres délivrent aux visiteurs de sages paroles, et des panneaux interactifs ponctuent un sentier pédagogique. Des sorties scolaires y sont aussi organisées afin de resserrer le lien entre les enfants, la forêt et les êtres réels et imaginaires qui la peuplent.

Infos pratiques : 76, rue du Hohneck, 88 250 La Bresse

Les Vosges,  terres du bois

La Tournerie en Bresse, EliseChevillard© Tous droits réservés – 2019

Ce matin, Gilles Galmiche positionne un bout de châtaignier sur son tour à bois avant de l’actionner. Le bois se déroule, les copeaux volent un peu partout, mais ne le déconcentrent pas pour autant. Le geste de sa gouge est précis, maîtrisé, dévoilant peu à peu un petit sapin. Quelques minutes plus tard, c’est un bol qui prend forme sous les mains du tourneur avec une rapidité déconcertante. Les couleurs du veinage se dévoilent.  Le bol sera enduit de paraffine à confiture et trempé dans de l’huile de colza ou de tournesol pour qu’il ne s’abîme pas au contact de la nourriture. Menuisier de formation, tourneur sur bois depuis plus de 10 ans, c’est en autodidacte et dans les livres que Gille s’est formé.

La Tournerie en Bresse, EliseChevillard© Tous droits réservés – 2019

Dans son petit atelier situé à la Bresse, il vous accueille pour vous présenter ses créations et propose des démonstrations de tournage ainsi que des stages. Gilles travaille à partir de bois fruitiers et d’essences qui viennent du coin, comme le noyer, le mirabellier, le pommier, le buis, le frêne, l’érable ou encore le châtaigner…De la créativité, ce tourneur n’en manque pas. Et ce qu’il aime avant tout ce sont les bois tourmentés et leurs excroissances, et même ceux qui commencent à pourrir et qui pour lui feront de beaux décors. Les pièces que Gilles réalise sont toutes uniques. Il y a de la vaisselle, des lampes, des vases, des jouets et des meubles sur-mesures.

Ici, rien ne se perd, les copeaux seront réutilisés pour chauffer l’atelier ou faire du paillage pour le jardin.

Infos pratiques : Vente sur place directement à l’atelier de la Tournerie, 20 Rue du Hohneck, 88250 La Bresse

Bleuforêt, la chaussette « made in » Vosges

Bleuforêt, EliseChevillard© Tous droits réservés – 2019

Depuis 200 ans, l’industrie textile a trouvé ici une terre propice en raison d’une force motrice naturelle qui courait dans la montagne : l’eau. Au XIXème et XXème siècle, elle a impacté les vallées vosgiennes tant au niveau culturel que social. Aujourd’hui, les industries qui ont surpassé la crise due aux pays émergents sur le marché, se diversifient et se tournent vers l’innovation. Linge de maison, collants, chaussettes… Un label Vosges terre textile est même né d’un collectif d’industriels, gage de qualité et d’une fabrication vosgienne. Les entreprises, souvent familiales, parfois plusieurs fois centenaire, perpétuent une production locale et un savoir-faire unique, de la filature à l’expédition, en passant par le tricotage.

Bleuforêt, EliseChevillard© Tous droits réservés – 2019

C’est le cas de l’usine Bleuforêt qui nous ouvre ses portes et assure sur place à Vagney, la totalité des étapes pour fabriquer des chaussettes ( elle fait aussi des bas et des collants). Son nom fait référence à la ligne bleue des Vosges et aux forêts. L’entreprise rachetée à Dim en 1994, fait partie du groupe Tricotages des Vosges avec Olympia.

A Vagney, les 180 salariés s’activent jour et nuit pour produire quotidiennement 23 000 paires de chaussettes.  Les matières premières sont nobles : coton, soie, laine de Mérinos, ou encore cachemire, viennent de France, et à 70 %  d’Italie. Les machines sont automatisées et produisent en à peine trois minutes une chaussette sur les 250 métiers à tricoter circulaires, et sous le regard concentré des bonnetiers.  Quand elle est prête, la chaussette tombe alors dans un panier rectangulaire.

Bleuforêt, EliseChevillard© Tous droits réservés – 2019

Une fois le tricotage fini, les chaussettes sont envoyées à l’atelier de finition. Ici, le bruit des machines à coudre résonne. Les hommes sont rares ici. Les bouchons d’oreille sont de rigueur pour les ouvrières qui travaillent sur les dernières étapes de vérification et de couture. Les chaussettes sont ainsi contrôlées, les pointes sont cousues manuellement, avec une couture plate invisible, avant d’être pliées et conditionnées. Chaussettes chaudes en laine et angora, de sport, mais aussi socquettes courtes, à paillettes, en dentelle….Deux fois par an, une nouvelle collection sort et s’adapte aux tendances et aux saisons. Bleuforêt s’engage aussi pour l’environnement et dans la voie de développement durable. L’électricité est fournie par une turbine à eau et à 70%, dans une logique d’utiliser les ressources sans polluer. Les déchets textiles sont recyclés, comme les résidus de fil et les chaussettes non conformes qui seront ensuite vendues et retransformées. Les étiquettes et les cartons utilisés proviennent des circuits courts.

Ouvert sur rendez-vous et gratuitement aux visites, de l’intégralité de l’usine jusqu’à la boutique.

Infos pratiques :2 rue du Jumelage, 88120, Vagney

Où se restaurer ?

Photo d’un des plats servi au restaurant Les Lilas, par Lhote Svetlana

Ne vous fiez pas à la façade plutôt ordinaire du 12 rue du Général de Gaulle à Vagney, car derrière, se cache une table qui mérite qu’on s’y attable et s’y attarde.  Au restaurant Les Lilas, on travaille en famille pour vous proposer une cuisine fine et subtile. Derrière les fourneaux, Lionel Caldéfie rend hommage au terroir vosgien en sublimant des produits locaux et fermiers, qui parfois n’ont voyagé que de quelques mètres….depuis son potager. En salle, sa femme Armelle vous propose à midi le menu du marché qui évolue selon les saisons : fricassée de rognons poêlée de champignons, oeuf bio à 64 degrés de la ferme Lalevée au velouté de chou-fleur, confit d’endives aux agrumes ou encore filet de taureau charolais et crème hollandaise aux tomates du jardin. Un conseil, gardez de la place pour le fromage. Le plateau aussi beau que bon est à l’image de la richesse gastronomique de la région.

Infos pratiques :  12 Rue du Gén de Gaulle, 88120 Vagney

Dormir sur un arbre perché ou dans la Maison du Hobbit?

Michel Laurent – Bol d’Air

Au cœur de la forêt vosgienne dans la Bresse, 13 cabanes se déclinent en 3 concepts, autour de 13 histoires, et autant de décorations et de senteurs. Chacune est unique et raconte une histoire inspirée de la Bresse. Le mot d’ordre ici c’est de prendre son temps, à l’image de l’accueil qui a pris la forme d’un escargot géant. Certaines cabanes sont perchées dans les arbres, d’autres, insolites,sont posées au sol,  d’autres encore, les indoor, situées au-dessus de l’accueil ressemblent plus à des petites chambres d’hôtel. Il y a la cabane du Pécheur, la Maison du Hobbit entre roche, bois et verdure, la Fuste du Trappeur isolée avec de la laine de mouton, l’Atelier de la couturière, le Repaire de l’Explorateur ou encore le Refuge Improbable. Tel un phare dans cet ensemble, la tribu perchée se compose de trois cabanes dans les arbres.  Les hébergements sont en bois local non traité: mélèze ou épicéa. Tout ce qui a pu être récupéré a servi à la décoration, auprès des habitants de la Bresse ou bien chez Emmaüs. Les savoir-faire de la région sont mis à l’honneur, comme le linge qui vient de l’usine textile Garnier-Thiebaut.

La clairière aux cabanes EliseChevillard© Tous droits réservés – 2019

Fabriqué avec des chutes de bois, le Refuge Improbable s’inspire de l’univers du conte. Avec cette grande table en bois entourée de chaises en mélèze et acacia, on se croirait presque dans la salle à manger d’un château. Depuis les fenêtres qui plongent dans la forêt, la vue est imprenable sur la clairière en contrebas et sur les montagnes environnantes. Dans la salle de bain qui ressemble à un petit donjon depuis l’extérieur, on trouve une baignoire tout en bois et un sauna. Pour se chauffer, certains hébergements ont des poêles à bois qui viennent renforcer cette ambiance trappeur. Recyclage, toitures végétales, compost et matériaux de récupération, réhabilitation d’une tourbière, toilettes sèches dans les cabanes perchées, réseau domotique, gestion par ordinateur pour gérer les consommations d’énergie…Tout a été pensé pour impacter le moins possible l’environnement naturel où se trouvent les cabanes. Pour les gourmands, un foodtruck se déplace sur le site et propose des burgers préparés sous vos yeux avec des produits locaux et du pain artisanal. Et le matin, le petit déjeuner se prend soit en chambre, livré dans un panier, soit dans la salle de l’escargot.

Infos pratiques : 8b route des planches,  88250 La Bresse

Comment s’y rendre ?

La station Hohneck est accessible par TGV via la gare de Remiremont (à seulement 3 h de Paris). D’ici, des liaisons régulières en autocar sont assurées. On peut aussi y accéder par les airs via les aéroports de Bâle/Mulhouse Saint Louis (1h30), de Metz/Nancy Lorraine Verny (1h50), de Strasbourg/ Entzheim (1h40) ou encore d’Epinal-Mirecourt (1h20).