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Vosges: Un été à Gérardmer

Par Elise Chevillard / Publié le 30.04.2020

Située sur les rives du lac éponyme,  la ville de Gérardmer (prononcez «Gérardmé») surnommée la «perle des Vosges» par Abel Hugo, offre une parenthèse estivale et boisée pour découvrir les Vosges par son patrimoine naturel et industriel. Au programme : initiation à la sylvothérapie dans ses mystérieuses forêts de sapins, découverte de son industrie textile, de ses savoir-faire gourmands, sans oublier farniente autour du lac et balade en bateau solaire. Ici, nature rime avec culture !

 

©Photothèque Office de Tourisme Gérardmer-Xonrupt.

Découverte du lac , sur l’eau et sur ses rives 

De forme oblongue et d’une superficie de 115 hectares, le lac de Gérardmer se découvre sur ses rives ou sur ses eaux. Tout autour, les sapins ont les pieds sans l’eau. Une ancienne ferme vosgienne avec son toit incliné se dresse majestueuse, telle la gardienne du lac. Au-dessus du lac, les pistes de ski sont plongées dans un profond sommeil. Le vert sombre tranche avec le bleu du ciel. Pour se rafraîchir , baignade et farniente, pêche à la truite et sports nautiques : pédalos, kayaks, planches à voile. La baignade est autorisée dans le lac, sous certaines conditions.

©Photothèque Office de Tourisme Gérardmer-Xonrupt.

Pour voguer sur le lac en silence, et longer ses rives, partez en mini-croisière sur le bateau Ondine. Sa particularité ? Depuis 2010, ce bateau à énergie solaire (8 panneaux sont installés sur le toit) scinde doucement l’eau, sans aucun produit fossile pour son alimentation, et en totale autonomie. Il glisse avec élégance, sans un bruit, sans odeur, sans fumée et sans une vague. Terminés donc les gaz à effets de serre, les particules fines et la pollution sonore. La promenade d’une trentaine de minutes sera accompagnée de commentaires sur la faune, la flore et l’histoire de la ville.

EliseChevillard© Tous droits réservés – 2019

Prenez un peu de hauteur pour admirer le lac d’en haut, en grimpant au belvédère de la tête de Mérelle, à 897 mètres d’altitude. Puis si l’envie vous gagne, poussez votre exploration un peu plus loin à la découverte de deux autres lacs créés avec la fonte des glaciers. L’un se nomme Longemer, sauvage, il héberge sur ses rives une chapelle. L’autre, Retournemer, en forme de cœur a donné naissance à une légende. Une jeune femme qui se serait jetée dedans pour un chagrin d’amour, hanterait ces eaux.

Et si on faisait un bain de forêt ?

EliseChevillard© Tous droits réservés - 2019

EliseChevillard© Tous droits réservés – 2019

Dans notre société actuelle, tout est pensé pour gagner du temps. La vitesse et la performance rythment nos vies, le digital règne. Se promener en pleine forêt invite à ralentir,à prendre de la distance avec l’effervescence urbaine et à se reconnecter avec la nature. Les Japonais, appellent cela la sylvothérapie, bain de forêt, ou encore Shinrin-Yoku. Cette pratique consiste à marcher en pleine conscience dans la forêt via une approche sensorielle et énergétique et à y puiser les bienfaits des arbres. Depuis 1982 au Japon, c’est devenu une véritable pratique thérapeutique préventive et une technique de relaxation et de méditation. Mais il faut attendre les années 90 pour que des fondements scientifiques viennent appuyer ce concept et mesurer ses effets bénéfiques sur la santé. Moins de stress, baisse de la tension artérielle et du taux de glycémie… Et si les arbres pouvaient réellement nous soigner ?  Être au contact des arbres aurait donc des vertus relaxantes et apaisantes. La créativité se verra aussi stimuler, mais pas seulement…

Aujourd’hui, même si la sylvothérapie peut se pratiquer individuellement, il existe un peu partout en France de nombreux d’atelier encadrés par des accompagnateurs en forêt, des naturopathes et des thérapeutes des bois. C’est le cas des Vosges où sont proposés des ateliers de sylvothérapie dans les nombreux sentiers qui quadrillent la montagne avec un accompagnateur formé par FORê l’effet Vosges. Crée en 2012, ce concept fédère une trentaine d’établissements (hôtels, restaurants, spa…) proposant des expériences en lien avec la forêt. L’approche est différente selon les accompagnateurs mais les exercices sensoriels au contact de la nature se rejoignent : marche consciente, rencontre avec un arbre, câlins, jeux à l’aveugle…Tous les sens sont ici sollicités. Les bienfaits de la forêt se retrouveront aussi dans l’assiette car cette dernière inspire bien des délices. Du sapin, on en tire une huile essentielle que l’on retrouve dans la grande tradition des bonbons vosgiens.

Pour organiser votre randonnée avec un guide rendez-vous ici http://www.for-e.fr/

Les bonbons vosgiens,  gourmandise sucrées et vivifiantes 

EliseChevillard© Tous droits réservés – 2019

Dans les Vosges, on ne compte pas compte pas moins de 4 ou 5 entreprises de confiserie, mais seulement une à l’appellation Bio : La Confiserie Géromoise. A sa tête, deux frères, Manuel et Justin Wexler, l’un ancien informaticien, l’autre pâtissier de métier, tous deux natifs de la région, reconvertis en confiseurs pour recréer un bonbon des Vosges à la fois artisanal et naturel. Leur confiserie située sur la  route qui mène à Epinal, fait la part belle à la production locale depuis 2014, mais aussi à l’innovation. Les bonbons moulés à l’ancienne nous transportent dans des forêts de sapin et d’eucalyptus. Quand d’autres nous font voyager au pays de l’anis, de la menthe, ou encore de la mure.  Les huiles essentielles de sapin sont produites à 200 mètres et les bonbons conditionnés à la main sur place.

Dans l’atelier de fabrication des bonbons. EliseChevillard© Tous droits réservés – 2019

L’ouverture de l’atelier au public permet de montrer ce savoir-faire artisanal et vosgien. Dans l’antre du confiseur, on peut suivre ici toutes les étapes de la fabrication. Pas de secrets ici. On découvre que pour remplacer les colorants et les arômes artificiels, du jus de légume est utilisé avant d’être coloré. La gélatine de porc est remplacée par de l’agar agar.

Dans des chaudrons en cuivre, le confiseur mélange du sirop de glucose, de l’eau et du sucre. Il verse ensuite le sucre cuit sur une immense plaque en fonte graissée à l’huile de coco avant d’ajouter les arômes naturels. Le mélange est ensuite progressivement refroidi. Il faut ensuite pétrir et sculpter la pâte à la main pour qu’elle ne durcisse pas. Commence alors le pliage et repliage de la pâte, telle une guimauve. Une fois le bloc de pâte coupé, ce dernier passe dans un laminoir qui donne la forme voulue aux bonbons. Les brisures seront recyclées en infusions (bourgeons de sapin, eucalyptus pour adoucir la gorge…). Place à la dégustation des bonbons encore chauds. C’est alors toute la forêt qui explose en bouche.

Visite de la  Confiserie Géromoise, 680 Route d’Epinal, 88400 Gérardmer. 

Garnier –Thiebaut, du beau linge made in Vosges

EliseChevillard© Tous droits réservés – 2019

On le sait moins mais  Gérardmer est aussi le berceau de l’industrie textile. Née dans les Vosges il y a plus de 200, cette dernière a trouvé ici une terre propice, en raison d’une force motrice naturelle qui courait dans la montagne. Des entreprises, souvent familiales et parfois plusieurs fois centenaires, perpétuent ici une production locale. C’est le cas de Garnier-Thiebaut, qui maîtrise toutes les étapes de la production, de la teinte à la confection  en passant par le tissage et l’ennoblissement.  L’histoire de cette maison commence par un mariage entre deux familles chez les marchands de toile, celui de Virginie Thiebaut et de Jean Baptiste Garnier. Le couple crée ensemble une usine à métier à tisser et se positionne comme les spécialistes du linge de maison damassé.

Dans l’usine, les 200 salariés s’activent nuit et jour pour produire quotidiennement des nappes, serviettes, et du linge de lit sous le ronronnement des 28 métiers à tisser. Ce sont les stylistes, les teinturiers, les tisserands, et les couturières et les repasseuses qui donneront vie aux nouvelles tendances. Le style Garnier-Thiebaut se caractérise par une maîtrise parfaite des couleurs, ainsi que les histoires imagées qui courent sur ses nappes, mais aussi son innovation qui est devenu l’ADN de la marque.

Pour les groupes de 12 adultes ou plus, l’usine ouvre ses portes pour des visites avec le magasin d’usine. 

Chez Mémé. EliseChevillard© Tous droits réservés – 2019

Carnet d’adresses : où manger, où dormir ?

Pour vous restaurer on vous conseille le restaurant-épicerie( fine)-salon de thé-café-bar Chez mémé, pour son ambiance vintage de bric et de broc mais aussi pour ses assiettes simples et gourmandes. Au menu: tarte flambée, soupe, tarte aux brimbelles, une spécialité du coin qui n’est autre qu’une myrtille sauvage. Et après le repas, place à la chine, ici tout est à vendre !  Place Albert Ferry, 88400 Gérardmer. 

Situé sur la route de Gérardmer, à Xonrupt-Longermer, l’hôtel Interlaken est d’abord une affaire familiale portée par un couple Gabriel et Sidonie. Rénové avec des matériaux locaux, l’endroit renaît de ses cendres et se veut responsable dans un mariage de bois et de pierre.  Chauffage solaire, récupération de l’eau de pluie pour les toilettes, linge lavé sur place à l’ozone, installation de deux bornes pour  les véhicules électrique…Même les poutres qui décorent les chambres viennent d’anciennes fermes vosgiennes démolies. Le style est moderne avec une pointe d’ancien , sobre et sans chichi. Ici, ce sont les matériaux brutes qui font le décor. Tout a été pensé pour s’intégrer dans cette nature et la préserver. L’établissement possède un restaurant ouvert seulement aux demi-pensionnaires pour éviter ainsi les pertes. Sur la carte, un menu unique préparé avec des produits du terroir, et de saison finement cuisiné. L’hôtel propose également un spa privatif avec jacuzzi, sauna, hammam espace détente ainsi qu’un bain finlandais situé en dehors.

141 rue de la Douane, 88400 Xonrupt-Longemer