Italie

Rome : Trastevere, l’art de vivre comme un Romain

Par Elise Chevillard / Publié le 04.05.2025

Ne cherchez pas ici le Colisée, la fontaine de Trévi ou encore la place Saint-Pierre, dans le Trastevere, on vient prendre le pouls de Rome, respirer son air bohème assis sur les marches d’une église, on traînaille dans le labyrinthe de ses ruelles (vicoli) en dégustant un gelato, on sirote un ristretto à ses terrasses en attendant l’heure du spritz…Portrait d’un quartier, on ne peut plus romain.

Crédit photo : Elise Chevillard

Cordes à linge tendues au gré d’un dédale de ruelles colorées, petites places pavées, sanpietrini, villas Renaissance patinées par le temps, maisons recouvertes de lierre, bougainvilliers suspendus,  niches religieuses avec des images pleines d’offrandes votives et de bougies…on dirait une vieille carte postale un peu écornée sur les coins, mais toujours autant charmante. Dans le Trastevere, le temps semble s’être arrêté dans ces allées. Entouré au nord par le Vatican, le centre historique de Rome, le quartier antique à l’est et le quartier du Testaccio-Ostiense, ce quartier situé « de l’autre côté du Tibre », d’où son nom, est accessible par le pont Sisto, construit au XVe siècle.

Un quartier resté longtemps à part de Rome

Crédit photo : Elise Chevillard

À l’époque des origines de Rome, la région du Trastevere était une terre hostile qui appartenait aux Étrusques principalement habitée par les communautés syriennes puis juives. Elle resta en dehors de la ville jusqu’à l’époque d’Auguste. Tout autour du Tibre, s’installèrent marins et pécheur, artisans, mais aussi habitants plus fortunés qui construisirent leur villa dans le quartier.  Aujourd’hui, chaque période a laissé son empreinte dans l’architecture, et faire le tour de ce quartier revient à remonter le cours de son histoire où le passé et le présent coexistent. Pour le découvrir, il faut se laisser guider par son instinct et se perdre dans ce labyrinthe de ruelles pavées bordé de maisons médiévales aux façades décolorées. Suivez le guide.

Se réveiller à coup de ristretto

Crédit photo : Elise Chevillard

La journée commence là où elle a fini, au Bar San Calisto. Toutes les générations se succèdent ici. C’est LE bar où il faut être, le soir pour des bières, le matin pour regarder le va et viens de la vie romaine qui se lève. Alors pour commencer la journée, on prend un ristretto al banco per favore, un café que l’on boit au comptoir comme les romains. Pour s’imprégner encore plus du mode de vie romain, il faut aussi goûter au maritozzo, un petit pain au lait fourré de crème fouetté. Une fois votre dose de caféine reçue, dirigez-vous juste à côté, place Santa Maria, le point central du quartier. Allez faire un tour dans la Basilica di Santa Maria, ne serait-ce que pour cueillir un peu de fraîcheur (ou vous recueillir…). Construite au IVe siècle, elle est l’une des plus anciennes églises de Rome. Dévissez-vous la tête au risque de vous faire un torticolis pour observer les reliefs du plafond, les mosaïques dorées qui surplombe l’abside et le chœur.

Se perdre, le nez en l’air, dans les ruelles

Crédit photo : Elise Chevillard

Le problème à Rome, c’est que tout est beau. Le Trastevere n’échappe pas à ce constat. Les pavés irréguliers donnent place à la flânerie. Du côté de Piazza San Cosimato , un marché italien investit le square jusqu’à 13h du lundi au samedi. A chaque embranchement, c’est beau. Le linge qui sèche tendu entre deux rues, les murs jaunis ou aux couleurs pastel, les FIAT et les vespas qu’il faut laisser passer… Autant de scènes de la vie quotidienne qui paraissent tirées de siècles passés et qui vous donneront l’impression d’être dans un film de Fellini. Ici, même les graffitis sont beaux.

Des musées pour tous les goûts

Derrière la façade couleur abricot du Museo di Roma se cache des objets et des œuvres d’art des XVIIIe et XIXe siècles, ainsi que des scènes de la vie populaire romaine recrée grandeur nature. Dans m’ancienne pharmacie de Santa Maria della Scala, aujourd’hui un musée, on y trouve des instruments anciens, et même certains des remèdes traditionnels préparés avec des recettes anciennes et des épices rares. La Villa Farnesina est considérée comme l’un des plus beaux exemples de l’art de la Renaissance. On y admire des fresques de Raphaël et des peintures de certains des plus grands artistes de l’époque, comme Raffaello Sanzio. Bâtis au XVème siècle, le palais Corsini est situé juste en face de la Villa Farnesina. Le jardin du palais est devenu aujourd’hui le Jardin Botanique de Rome, et la Galerie accueille des œuvres de Pierre Rubens et Le Caravage. L’art est aussi dans la rue, et lors de vos déambulations, vous ne manquerez pas de croiser des affiches, des dessins, des autocollants, des textes et des poèmes qui habillent les murs. Éphémères et spontanées, elles ont juste le temps de crier leur message, souvent politique, mais aussi énigmatique, onirique, poétique.

Le Janicule : un belvédère sur la Ville Éternelle

Crédit photo : Elise Chevillard

S’il vous reste encore un peu de force et pour éliminer les pâtes de ces deniers jours, grimpez au sommet du Janicule à 85 mètres de hauteur par les marches de la Via Goffredo Mameli. La colline doit son nom au dieu Janus qui fut célébré dans la Rome antique. Elle est considérée comme “la huitième colline de Rome.

Premier stop à la Fontana dell’Acqua Paola qui était dans la scène d’ouverture du film La Grande Bellezza. On raconte qu’elle aurait servi de modèle pour la fameuse Fontaine de Trévi. Le moment, ne serait-il pas venu de faire une pause ? Rome et ses toits se dévoilent en contrebas. Encore un peu de force pour atteindre la place Garibaldi. Tournez-vous et avancez vers l’esplanade…. Sous la terrasse du Piazzale Garibaldi, un coup de canon est tiré (à blanc) chaque jour à midi, une tradition qui remonte à 1847. Attention aux oreilles ! En redescendant de la Janicule, passez par le jardin botanique de Rome et ses 300 espèces végétales différentes, dont une collection de palmiers.

À l’heure de l’aperitivo

Crédit photo : Elise Chevillard

Alors que les cloches sonnent l’heure de l’apéro, le quartier se remplit d’Italien et de touriste pour sacrifier à l’une des traditions les plus honorées en Italie, l’aperitivo. Un verre (des verres) que l’on accompagne de  focaccia, salamis, ou encore pizzetas. Piazza di Santa Maria, les terrasses sont bondées, il y autant de monde assis sur les marches de l’église que debout. Il faudra savoir jouer des coudes pour se faufiler parmi les ruelles sinueuses, encore plus quand il s’agit de vouloir manger un bout. La plupart des osteria ne prennent pas de réservations, alors une bonne dose de patience en bandoulière ne sera pas de trop. Alors que la nuit tombe, les lumières confèrent au Trastevere une ambiance bohème et intime. C’est ici, que se joue le spectacle de la dolce vita romaine sous nos yeux. Puisse ce quartier garder encore longtemps son âme.

Carnet pratique

Crédit photo : Elise Chevillard

Tonarello (Piazza della Scala) : si les pates restent toujours au menu de cette osteria bien placé sur une petite place calme, avec les incontournables carbonara et cacio e pepe; c’est aussi l’occasion de gouter à une spécialité bien romaine : carciofi alla giudìa, un artichaud frit et croquant. Pas de réservation possible, il va falloir s’armer de patience.

 Antica Caciara (Via di S. Francesco a Ripa): cette épicerie de quartier est l’endroit idéal pour se procurer les ingrédients de base de la cuisine romaine et refaire tes plats préférés presque aussi bien. Dans ton panier: pancetta, saucisson et fromages.

Jacopa (7, via Jacopa de’ Settesoli): ce soir, on trinque sur les toits de Trastevere à la bonne franquette avec vue sur les toits et les campaniles des églises du quartier. Dans nos verres :  des cocktails accompagnés de quelques propositions de finger food  ainsi que des plateaux de jambon et fromage

Fior di luna (96 via della lugaretta) : en Italie, c’est une tradition, je dirai même plus une religion, la glace ou gelato comme disent les Italiens, se décline en de multiples saveurs. Ne vous fiez pas à sa façade qui ne paye pas de mine, chez ce glacier, on trouve aussi bien des classiques comme la glace à la stracciatella mélangée à des rubans de chocolat que des insolites.

Dar Poeta ( Vicolo del Bologna, 45) : une bonne pizza met toujours tout le monde d’accord. Chez Dar Poeta, elle est servie fine croquante et légèrement brulé sur les bords comme le veut la tradition romaine. Au menu : large choix de garnitures, et si vous avez de la place au dessert, craquez pour une calzone remplie de Nutella et Ricotta

Nannarella (Piazza di S.Calisto, 5) : dégustez des pâtes ou pizzas traditionnelles en portions bien généreuses comme savent le faire les mamas italiennes, en terrasse. Sur la carte, des plats typiquement italiens mais avec tout de même une petite touche personnelle ! Tous les ingrédients sont réunis pour vivre la dolce vita.

Porta Portese: chaque dimanche, le plus grand marché aux puces de Rome propose une variété de produits : maroquinerie, bijoux, cartes postales. Au-delà des trouvailles  possibles ( si vous avez de la place dans la valise) on y vient surtout pour ressentir l’ambiance et négocier avec un italien.

Trapizzino: c’est un classique de la street food romaine : le trapizzino est triangle de pate à pizza farci avec des ingrédients locaux et des recettes romaines : boulette de viande, stracitaellea anchois, cacciatore au poulet, aubergines à la parmigiana..)A déguster tout en déambulant dans les ruelles de Trastevere.

Freni e Frizioni (via del Politeama 4/6): ambiance underground et Rock’n Roll.. Pour choisir votre coktail, laissez le hasard décidé ! Il suffit de tourner le menu en forme de roue de la Fortune. Mention spéciale pour le cacio e pépé ou on ne sait plus si on l’on boit ou l’on mange.

Open Book (via della Lungarretta): ne vous fiez pas à la taille de cette boutique minuscule, ne pas trouvez le livre que vous cherchez sera difficile. Du sol au plafond, les livres s’empilent, tous d’occasion. En italien mais surtout en anglais,

Supplì (137, Via di San Francesco a Ripa): autre spécialité de la street food romaine, le suppli est une petite boule de risotto fourrées à la mozzarella fromage, jambon, sauce tomate et frite. On mange sur le pouce, ou juste à coté dans la rue car ici pas de table.

Ma Che Siete Venuti a Fà (Via Benedetta 25): voici un super endroit pour continuer votre soirée romaine. Sur la carte ? Les petites pépites de la bière artisanale italienne. Ici, on consomme à la romaine : directement dehors sur le trottoir

Live Alcazar (via Cardinale Merry del Val, 14): après quelques pintes, continuez la soirée à Live Alcazar. Situé dans un ancien cinéma, converti en salle de concert, ce lieu accueille des jazz bands, des DJs, et même des projections de films.