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Nazca, sur les traces d’un mystère

Par Laurie Goret / Publié le 22.08.2017

Une ville plantée au milieu de nulle part. Le désert tout autour, des montagnes pelées, et pas l’ombre d’un arbre. Bienvenue à Nazca, une cité auréolée de mystère.

Nazca, une ville au milieu du désert (Photo : Brice Lefèvre)

A 430 km au sud de Lima, Nazca est sans doute le site le plus énigmatique de tout le Pérou. Ce n’est pas la ville qui vaut le détour, mais ses environs. Dans le ciel, de petits avions survolent la zone. Qu’y-a-t-il donc à voir de si passionnant dans ce désert caillouteux ?

Pour percer le mystère, il faut se rendre sur l’avenue principale de Nazca : la calle Lima. Beaucoup d’agences proposent des vols à bord d’avions de 4 à 6 places, pour 80 euros par personne environ. Oui, mais pour voir quoi ?

Vol au-dessus d’un condor

Vus du ciel, d’étranges tracés ornent le désert qui entoure la ville…Ce sont des géoglyphes. Autrement dit, des dessins géométriques représentant parfois des animaux stylisés. Ils ont été réalisés par la civilisation Nazca à l’époque pré-inca, entre 300 avant J.-C. et 800 de notre ère, et s’étendent sur pas moins de 450 km2. Prendre l’avion, c’est donc le seul moyen d’avoir une vue d’ensemble !

Voici un colibri géant, ici, une araignée, là, un singe ou encore un condor. Les figures, d’une rectitude exemplaire et profondes de 30 cm, ont été découvertes dans les années 30. Un miracle de la nature qu’on puisse encore les voir aujourd’hui!

Le condor, oiseau emblématique de l’Amérique du Sud (Photo : Brice Lefèvre)

Ces lignes mystérieuses ont donné lieu à des tas d’interprétations: représenteraient-elles une zone artisanale où les tisserands exerçaient leur métier? Une piste d’atterrissage pour vaisseaux extraterrestres ? Ou encore un site rituel chamanique?

En revenant vers Nazca, on peut apercevoir certaines de ces curieuses formes géométriques du haut d’une tour d’observation de 30 mètres de haut. Un lézard, coupé en deux par une route, une grenouille et un arbre. Ce poste a été construit en 1976 par une véritable passionnée des lignes de Nazca.

Une vie à percer l’énigme

Maria Reiche, une archéologue allemande, a dédié sa vie à l’étude de ces géoglyphes. Selon elle, les lignes représenteraient un calendrier astrologique pointant dans la direction de plusieurs constellations et donnant la position du Soleil, de la Lune et de certaines étoiles selon les saisons. Il aurait été utilisé par les Indiens à des fins agricoles.

Un musée retrace le parcours et les travaux de Maria Reiche. Il est installé dans la maison où la chercheuse a vécu jusqu’en 1998 et repose aujourd’hui, au bord de la route panaméricaine. Tout est resté intacte : son bureau, ses livres, ses dessins. Et même son vieux Wolkswagen au fond du jardin.

L’hypothèse de Maria Reiche n’a jamais été prouvée. Mais grâce à son investissement personnel et à sa volonté de protéger le site, les lignes de Nazca ont finalement été inscrites en 1994 au Patrimoine Mondial de l’Unesco. Leur avenir est cependant menacé par l’érosion et le réchauffement climatique. Elles ne resteront donc pas éternelles et emporteront peut-être avec elles tout leur mystère…

Découvertes insolites

Il serait dommage de limiter la visite de la région à ses géoglyphes. Les environs de la ville racontent en effet une foule d’histoires dans l’Histoire. Plusieurs agences proposent de sillonner le désert à bord d’un buggy, un véhicule léger tout terrain. Et le parcours vaut le coup d’œil.

Il existe d’abord plusieurs aqueducs datant de la période précolombienne. Des systèmes ingénieux pour récupérer et redistribuer l’eau, une ressource inestimable en plein désert pour les agriculteurs.

Un peu plus loin, un cimetière a été installé au beau milieu des dunes. D’un coup d’œil, on s’aperçoit vite que les tombes ont toutes été ouvertes. Un crâne par-ci, un os par-là : les squelettes ont été délogés de leur funeste logis par des pilleurs en quête de bijoux.

On arrive ensuite au pied des pyramides de Cahuachi. Un centre cérémoniel de la civilisation Nazca, un site chamanique où l’on aurait autrefois pratiqué des sacrifices animaux…et humains.

Le cimetière pillé de Cahuachi, (Photo : Brice Lefèvre)

Pour clore cette journée ensablée, le buggy dévale les dunes à toute allure, emportant avec lui les cris des passagers euphoriques : c’est encore mieux qu’un grand huit ! Les plus aventureux peuvent aussi entamer une session sand board, une planche calée sous les fesses…ou sous les pieds. Très drôle de glisser ainsi sur la dune, à condition de garder l’équilibre !!