Minorque, côté terres : De Trépuco à Ciutadella
Petite île espagnole d’à peine 700 kilomètres carrés, plus discrète que ses sœurs Ibiza et Majorque, presque secrète, Minorque la belle inconnue écrit son histoire dans ses paysages mais aussi dans ses vestiges historiques. Cette île aux multiples visages se découvre autrement que par la côte, à la rencontre de ses traditions et de son artisanat.

©EliseChevillard
Vestige du passé préhistoriques
1500.C’est le nombre de sites archéologiques que compte aujoud’hui l’île, tous regroupés sous la route talayotique du nom de la civilisation qui s’est développée aux Baléares pendant l’âge du bronze. Aux environs de Mahón, à Trepucó, un village talayotique a été découvert en 1930 constitué de nombreuses maisons et de grottes funéraires. La taula, une dalle verticale qui en supporte une autre horizontalement, servait aux anciens habitants de Minorque qui venaient y déposer des objets et des restes d’offrandes à des divinités. Sur la route qui se rapproche de Ciutadella, la célèbre Naveta des Tudons, est considérée comme le bâtiment le plus ancien de l´Europe, et le plus emblématique de la culture talayotique. Il s’agit d’une tombe collective qui servi d’ossuaire entre 1000 et 800 avant J-C. Élaborée selon des règles symboliques, elle est assemblée avec des pierres sans mortier. C’est au soleil couchant qu’elle est la plus belle quand la pierre se pare de tons rougeâtres.
Es Mercadal : Made in Minorque
L’identité minorquine s’expose dans le centre artisanal Es Mercadal où l’artisanat de l’île est mis en avant. Pour rejoindre ce village, il faut quitter la côte et plonger dans ses terres. Ouvert en 2005 dans le corps de garde des anciennes casernes militaires de Es Mercadal, le centre artisanal est devenu le premier des îles Baléares qui met en valeur le produit local. Minorque a une longue tradition des métiers d’artisanat, dédiés au bois, à la pierre, au cuir, aux textiles aux chaussures et aux vêtement, et à l’alimentation. Une exposition permanente présente les témoignages de 16 artisans d’hier , d’aujourd’hui et de demain, qui ont fait de la lenteur un art pour se réapproprier des savoir-faire transmis parfois de père en fils. On y découvre la culture du miel, la fabrication du fromage de Mahon, des petites barrière d’olivier que l’on trouve un peu partout, le travail du céramiste, de la modiste, du bijoutier, du sellier. Et puis il y a la fabrication de la célèbre chaussure avarcas qui étaient à l’origine utilisées par les paysans pour les travaux agricoles avant de voir son usage changer dans les années 60 pour être porté comme sandales durant le printemps et l’été.
En quittant Es Mercadal, on continue de s’enfoncer un peu plus vers le centre, sur l’unique route qui trace un trait sur l’île. Dans les plaines, les oliviers sauvages semblent se coucher sous le souffle du vent du nord, la Tramuntana. Solidement plantées au milieu de vastes terres de citronniers et de vignes, les fincas de couleur ocre, contraste avec les maisonnettes recouvertes de chaux qui se protègent de la chaleur.
Monte Toro ( Mont Taureau), le toit de Minorque

©Office de tourisme de Minorque
Si l’île est majoritairement plate, elle connait de légères élévations de prairies verdoyantes, et parmi elles la plus haute le Monte Toro, le point culminant (358 m). Le mont est bercé de légendes. L’une d’elle raconte qu’au XIIIe siècle, un moine aurait vu briller une lueur en haut de la montagne. Il s’y rend et à mi chemin tombe nez a nez avec un passage obstrué. Un taureau parait alors, lui libérant le passage. Ainsi, la montagne prit le nom de Monte Toro. Devenu lieu de sanctuaire, ce mont est très important spirituellement pour les habitants de l’île sur qui veillent aujourd’hui des religieuses colombiennes. On vient donc s’y recueillir mais aussi admirer le panorama à 360°. L’île se dévoile telle un maquette. On aperçoit la route principale qui traverse l’île d’est en ouest, et les pentes vertes qui se déroulent et plongent dans la mer. Des chevaux de jais galopent, des moutons paissent, et des vaches se reposent. Par beau temps, on peut même entrevoir Mayorque surgissant des brumes.
Pedreres de S’hostal et sa cathédrale de pierre

©EliseChevillard
Un peu avant d’arriver vers à l’est de Ciutadella, se situe Pedreres de S’hotal, une ancienne carrière de pierre calcaire locale (marès) avec laquelle étaient bâties les maisons minorquines. En activité pendant 200 ans et jusqu’en 1994, la carrière fut laissée à l’abandon avant d’être rachetée par une Française qui la réaménagea pour en faire un lieu de mémoire vivant, rendant à la carrière ses pierres. Sur les hauteurs, la vue est vertigineuse sur la carrière. En contrebas, un immense labyrinthe de pierres symbolise la vie. Plus loin, le visiteurs suit un parcours sculpté dans la roche, mémoire du paysage du tailleur de pierre, et envahis par la faune et la flore. Dans le jardin médiéval , thym, romarin et autres plantes médicinales poussent entourés de pierres qui prend ici une figure une coque du bateau à l’envers. Ce lieu peut se louer pour des événements et accueille le Festival de musique et d’arts de la scène, Pedra Viva. Les concerts au clair de pierre bénéficient d’une acoustique incroyable dans cette cathédrale.
Informations pratiques
Que faire? Nombreux spots de plongée, une route pour parcourir l’île par la mer en kayak, une vingtaine de piste vélo balisée sillonnent la campagne. Mais aussi des itinéraires cylcotouristiques qui relie des villages, via des chemins ruraux…
Comment s’y rendre ? On y accède soit en avion ( Transavia, Ibéria) depuis Paris en 1h30 contre 9h si on décide de prendre le bateau à Barcelone. Le meilleur moyen pour se déplacer sur l’île est de louer une voiture. Sur place, on peut prendre un guide pour visiter l’ile.