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Les Pouilles : une région côtière à l’authenticité préservée

Par Céleste Lafarge / Publié le 20.08.2023

Située au sud-est de l’Italie, la région des Pouilles est encore assez méconnue des touristes et quasiment désertée en basse saison. On y découvre la vie locale italienne dans toute sa splendeur, mais aussi un long littoral aux eaux turquoises et des paysages côtiers à couper le souffle.

Les Pouilles, Italie, ©Céleste Lafarge

Moins exubérante que le reste de l’Italie, la région des Pouilles regorge de petites pépites typiques, architecturales et culturelles. Mais le haut du « Talon de la Botte » est aussi riche de son patrimoine remarquable et de ses splendides panoramas rocheux. En train comme en voiture et essentiellement à pieds, mieux vaut arpenter différentes villes pour avoir un aperçu des diversités et des trésors que recèlent les Pouilles.

Bari et le labyrinthe de la Vieille Ville

Bien que la région des Pouilles ne se cantonne pas à Bari, chef-lieu et principale porte d’entrée de la région, cette métropole sinueuse au charme discret s’avère aussi surprenante qu’incontournable. S’étendant devant l’Adriatique, Bari est une ville portuaire dynamique au paysage typiquement méditerranéen – avec, notamment des dunes de sable et quelques oliviers centenaires. Son centre-ville ne manque pas de commerces, de cafés et de trattorias, mais c’est surtout dans la Vieille Ville labyrinthique typiquement médiévale – Bari Vecchia ou Centro storico – et son dédale de ruelles blanches que résident les plus grands attraits de Bari.

On se perd volontiers dans ses artères pavées tortueuses où règne une atmosphère des plus conviviale : linge étendu sur le rebord des fenêtres ouvertes, musiques italiennes émanant des foyers, pizzerias traditionnelles à gogo, parties de cartes sur la place, sorties de messe, ambiances de marché et conversations animées dans les cafés. En somme, une véritable immersion dans la vie italienne typique.

Parmi les endroits à retenir, les Piazza Mercantile et Piazza del Ferrarese, toujours animées – avec, notamment, le « Mercato del Pesce » (marché aux poissons) – la célèbre et spectaculaire Basilica di San Nicola, mais aussi des petites adresses bien connues des locaux comme la Ciclateria, café-resto voûté chaleureux et familial idéal pour prendre un thé, un « aperitivo » ou pour dîner, ou encore la pizzeria traditionnelle très prisée Borgo Antico au rapport qualité/prix imbattable. Les plus jeunes apprécieront quant à eux l’effervescence du Barlume, sans aucun doute l’un des bars les plus rock du centre historique, où bon nombre d’étudiants se retrouvent pour festoyer le soir venu.

Les Pouilles, Italie, ©Céleste Lafarge

Polignano A Mare et Monopoli
A moins d’une heure au sud de Bari (en train comme en voiture) se trouvent deux petites villes côtières aux charmes indiscutables : Polignano A Mare et Monopoli.

Polignano A Mare, plus balnéaire et plus populaire que le chef-lieu des Pouilles, est surtout appréciée pour son cadre exceptionnel : ses nombreuses plages, ses criques, ses calanques et ses falaises de 20 mètres surplombant une mer transparente et bleutée. Son centre historique est, quant à lui, fait de coins et recoins remplis d’inscriptions poétiques peintes en noir. Mieux vaut parler un peu italien pour en comprendre le sens. On flâne au hasard dans les petites boutiques de ceramica pugliese (une céramique bien particulière), on regarde danser la mer à chaque nouveau point de vue, et on s’arrête pour boire un café à l’italienne devant l’Ex cattedrale di Santa Maria Assunta qui carillonne. D’ici, on peut observer toute la vie italienne qui s’agite, mais aussi reconnaître quelques touristes, plus présents qu’à Bari.

Juste à l’extérieur du quartier historique s’étend la Piazza Aldo Moro, cœur vibrant de la cité. En remontant un peu la Via Pompeo Sarnelli, on parvient au fameux pont romain de l’ancienne voie Trajan. De là, on peut apercevoir un sentier qui descend jusqu’à Lama Monachile, une jolie plage enserrée entre des parois rocheuses spectaculaires. Les plus jeunes viennent y prendre l’apéritif, bronzer, jouer aux cartes et profitent même de l’éclairage électrique pour retarder leur départ une fois la nuit tombée.
Avec un peu de courage et de témérité, on parvient à la Fondazione Museo Pino Pascali, un bâtiment moderne excentré à l’est de la ville. Celle-ci est dédiée à cet artiste natif de Polignano – mort dans un accident de moto – qui fut une figure de l’Arte Povera, un mouvement artistique italien des années 60. Celui-ci visait à rompre avec la société de consommation en privilégiant l’usage de matériaux pauvres et de déchets. Une visite sympathique, originale et inspirante.

Monopoli (qui signifie « ville unique » en grec), quant à elle, cesse de n’être que le célèbre jeu de société sitôt qu’on y met les pieds. Si le côté de la gare est plutôt austère, son centre historique est lui aussi préservé – témoignant d’un riche passé qui remonte à l’époque des croisades – et son vaste port charme les passants. L’arrière-pays riche en produits d’exportation a, nous dit-on, permis à Monopoli de devenir une cité portuaire prospère. C’est le moment de remplir ses sacs de bons produits italiens (chez Magnapulia, par exemple) : vin, huile, amandes, caroube et condiments.

Les Pouilles, Italie, ©Céleste Lafarge

Aux beaux jours, il est possible de louer des bateaux à moteur ou des voiliers pour profiter des nombreuses criques de Monopoli. Mais quelle que soit la saison, il fait bon musarder dans ses ruelles pittoresques bordées d’élégantes façades Renaissance ou baroque, entrer dans ses multiples cryptes et églises, faire une pause gourmande sur la Piazza Vittorio Emanuele, et visiter son château (Castello di Carlo V, XIe siècle).

Comme Polignano A Mare, Monopoli est aussi réputée pour son eau translucide ; elle permet ainsi de combiner la vie balnéaire et les activités de campagne de la belle et passionnante région des Pouilles.