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Les destinations incontournables en Algérie : où partir, quand y aller et quel budget prévoir

Par / Publié le 31.08.2025

L’Algérie, plus vaste pays d’Afrique, n’est pas seulement une étendue de désert : c’est une terre d’extrêmes et de contrastes. Au nord, la Méditerranée déroule ses plages et ses ports animés ; au sud, le Sahara s’étend à perte de vue ; entre les deux, des montagnes, des vallées et des cités chargées d’histoire. Voyager en Algérie, c’est passer d’une ruelle ottomane à une fresque rupestre vieille de 8 000 ans, d’un couscous parfumé à une nuit étoilée au milieu des dunes. Mais encore faut-il savoir où poser ses valises, à quelle saison et avec quel budget.

Algérie

 

Alger, la Blanche

Alger

Vue depuis la mer, Alger justifie son surnom : une cité éclatante, étagée sur des collines qui tombent vers la Méditerranée. La Casbah, classée à l’UNESCO, est un dédale fascinant de ruelles étroites, de maisons blanchies à la chaux et de portes sculptées. À quelques pas, les façades haussmanniennes de Bab El Oued rappellent l’époque coloniale, tandis que le Jardin d’Essai, immense parc botanique, offre un souffle de fraîcheur. On y circule facilement en taxi, pour l’équivalent d’un euro ou deux la course, et une visite guidée de la Casbah ne coûte guère plus d’une quinzaine d’euros. La capitale se découvre idéalement au printemps ou à l’automne, lorsque la chaleur se fait plus douce. Avec un budget quotidien compris entre 40 et 60 euros, on peut dormir dans un hôtel correct, déjeuner un couscous algérois ou une mahjouba achetée dans la rue pour quelques dinars, et finir la soirée autour d’un café noir servi dans une petite tasse brûlante.

 

Oran, la festive

Oran

Oran, c’est l’autre visage de la Méditerranée algérienne : une ville bouillonnante, nourrie d’influences espagnoles et andalouses, qui vit au rythme de la musique raï. Ici, on monte jusqu’au fort de Santa Cruz pour embrasser du regard toute la baie, on flâne sur le front de mer ou l’on s’abandonne aux plaisirs simples d’un plat de sardines grillées dégusté sur le port. La vie nocturne bat son plein en été, mais l’automne offre une ambiance plus calme sans perdre de son charme. Les repas coûtent rarement plus de 10 euros dans les restaurants locaux, et une assiette de calentica, tarte de pois chiches héritée des Espagnols, se déguste pour quelques pièces seulement. Comptez entre 40 et 70 euros par jour pour dormir, manger et profiter de la ville.

 

Constantine, suspendue au-dessus du vide

Constantine

Si Alger regarde la mer, Constantine, elle, défie le ciel. Construite sur un plateau entaillé de profondes gorges, la ville est traversée par des ponts suspendus qui semblent flotter dans l’air. Se promener dessus est une expérience vertigineuse et gratuite, mais une visite guidée pour mieux comprendre son histoire revient à moins de 10 euros. Le Palais Ahmed Bey, chef-d’œuvre d’architecture ottomane, se visite pour l’équivalent de deux euros. La meilleure période pour y aller reste le printemps ou l’arrière-saison, lorsque la lumière éclaire les falaises de mille teintes. En matière de gastronomie, on ne repart pas de Constantine sans avoir goûté à la chakhchoukha, un plat de pâte émiettée dans une sauce rouge relevée, accompagnée de pois chiches et de viande. Ici, la vie quotidienne coûte rarement plus de 50 euros par jour.

 

Le Sahara, expérience absolue

Sahara

Puis vient le choc du Sahara. À Djanet, les dunes rencontrent les montagnes du Tassili n’Ajjer, où des fresques rupestres racontent la vie d’hommes et d’animaux disparus. À Tamanrasset, la silhouette sombre de l’Assekrem se découpe dans le ciel, lieu de méditation de Charles de Foucauld. Loin des villes, on traverse le désert en 4×4 avec un guide pour environ 70 à 80 euros la journée, avant de dormir dans un bivouac pour une vingtaine d’euros seulement. Le Sahara se visite de novembre à mars : l’été, les 45 °C rendent l’expérience infernale. Mais en hiver, le froid nocturne est balayé par la chaleur d’un feu de camp et d’un thé saharien servi trois fois, selon la tradition touarègue : amer comme la vie, fort comme l’amour, doux comme la mort.

 

Ghardaïa et la vallée du M’Zab

Ghardaïa

À 600 kilomètres au sud d’Alger, Ghardaïa dévoile une autre Algérie, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Les maisons ocre, les mosquées aux minarets coniques et les marchés bruissants d’artisans forment un paysage figé hors du temps. On s’y perd volontiers dans les souks où les tapis traditionnels, vendus autour de 50 à 100 euros, côtoient les dattes Deglet Nour, sucrées et fondantes. La gastronomie reflète la richesse locale : chekhchoukha aux pruneaux, plats sucrés-salés et pain cuit dans les fours traditionnels. Ici, un budget de 40 à 60 euros par jour suffit à loger, manger et se déplacer.

 

Kabylie et montagnes du Djurdjura

Djurdjura

À l’est d’Alger, la Kabylie offre une parenthèse verte. Villages perchés, artisanat berbère, oliveraies et montagnes composent le paysage. Les randonneurs trouvent leur bonheur au printemps et en été, tandis qu’en hiver, la station de Tikjda permet de skier pour une quinzaine d’euros la journée. On goûte ici à des saveurs simples et authentiques : huile d’olive de montagne, fromages locaux, pain taguella cuit dans les braises. Le budget quotidien est léger, rarement plus de 50 euros, tant l’accueil chez l’habitant reste courant.

 

Tipaza, les Romains face à la mer

Tipaza

À une heure d’Alger, Tipaza conjugue histoire et farniente. Les ruines romaines, posées face à la Méditerranée, racontent la grandeur d’une cité antique. L’entrée coûte moins de deux euros, et l’on peut terminer la visite par un déjeuner de poisson grillé dans une auberge du port, pour une quinzaine d’euros. Le printemps et l’automne sont les saisons parfaites, la chaleur estivale étant souvent accablante.

 

Annaba, la perle de l’Est

Annaba

Annaba, c’est la douceur méditerranéenne avec un supplément d’histoire. La basilique Saint-Augustin domine la ville, tandis que les plages bordent la côte. À proximité, le parc national d’El Kala offre une biodiversité unique pour quelques euros seulement. Dans les restaurants populaires, les bricks à l’œuf ou les dolmas – légumes farcis – ne coûtent presque rien, mais leur saveur reste mémorable. Le budget moyen tourne autour de 50 euros par jour.

 

Tlemcen, capitale andalouse

Tlemcen

Tlemcen respire la culture raffinée héritée d’al-Andalus. Mosquées, palais et mausolées se succèdent dans une atmosphère élégante. La mosquée de Sidi Boumediene, bijou architectural, s’explore pour quelques pièces. Les amateurs de nature s’échappent vers le plateau de Lalla Setti ou le parc de Tlemcen, accessibles gratuitement. Ici encore, on mange pour peu, mais avec goût : le mkartfa, pâte locale, ou les pâtisseries aux amandes.

 

Les pépites moins connues

L’Algérie ne se limite pas à ses grandes villes et à son Sahara mythique. Elle cache aussi des trésors méconnus qui séduisent les voyageurs en quête d’authenticité. Béjaïa, par exemple, offre des plages secrètes et le phare du cap Carbon, l’un des plus beaux points de vue du pays. On y savoure des boulettes de sardines grillées et des figues de montagne. Plus au sud, El Oued, surnommée la “ville aux mille coupoles”, impressionne par son architecture saharienne singulière et ses marchés de dattes. Jijel, elle, garde jalousement ses plages sauvages et ses grottes marines, idéales pour un road trip côtier, où l’on s’arrête pour croquer dans un beignet local encore chaud.

Timimoun, surnommée l’oasis rouge, séduit par ses ksour en terre battue et ses dunes flamboyantes. Le couscous aux dattes, servi dans les familles, y révèle une tradition culinaire d’une richesse insoupçonnée. Enfin, le massif du Hoggar et l’Assekrem offrent une expérience presque mystique : un lever de soleil depuis l’ermitage de Charles de Foucauld, suivi d’un thé touareg partagé autour du feu, restera gravé à jamais dans la mémoire du voyageur.

 

Quel budget prévoir ?

Voyager en Algérie reste particulièrement abordable comparé aux autres pays méditerranéens ou sahariens. Avec 25 à 40 euros par jour, on vit simplement mais confortablement, en utilisant les bus et en mangeant dans la rue. Entre 40 et 70 euros, on accède aux hôtels trois étoiles, aux taxis et aux restaurants traditionnels. Et pour 80 à 150 euros par jour, on profite des hôtels haut de gamme et des excursions privées dans le désert.

 

Comment se déplacer en Algérie ?

Voyager en Algérie, c’est aussi une aventure dans les transports. Les bus interurbains sont les plus économiques, parfois un peu rustiques mais toujours vivants : un Alger–Oran se fait pour une dizaine d’euros. Le train, géré par la SNTF, relie les grandes villes avec plus de confort, et compte environ 20 € pour un Alger–Oran en 4 h 30. Pour le Sahara, il faut compter sur les vols intérieurs, souvent subventionnés : un Alger–Tamanrasset tourne autour de 100 à 150 €. Dans les villes, les taxis collectifs – surnommés “clandos” – permettent de se déplacer pour 1 à 2 €, mais l’expérience vaut surtout pour l’ambiance.

 

Formalités et sécurité

Pour la plupart des voyageurs étrangers, un visa est nécessaire, à obtenir avant le départ, pour environ 85 €. Les circuits sahariens doivent obligatoirement se faire avec un guide agréé, question de sécurité et d’organisation. Mais il faut le dire : l’hospitalité algérienne est telle qu’on ne se sent jamais seul. Dans les villages comme dans les grandes villes, il n’est pas rare d’être invité à partager un thé ou un repas avec des inconnus devenus amis le temps d’une soirée.

 

Expériences uniques à vivre

Il y a les visites, et puis il y a ces moments qui font un voyage. Comme assister à un mariage kabyle, où la musique et les youyous résonnent toute la nuit. Comme boire un café au lever du soleil sur une terrasse de la Casbah, quand la ville dort encore. Comme traverser un désert en caravane de dromadaires, lentement, au rythme de la marche. Comme négocier un tapis dans un souk de Ghardaïa, thé à la menthe à la main, en riant plus qu’en marchandant.

 

La musique et la culture vivante

L’Algérie, ce n’est pas seulement des paysages : c’est aussi un son, une voix, une atmosphère. À Oran, le raï résonne dans les cafés et les rues. À Alger, le chaâbi – musique populaire héritée de la Casbah – s’invite dans les mariages et les fêtes. En Kabylie, l’ahidus, danse berbère collective, bat au rythme des tambourins. Et dans le Sahara, on se laisse hypnotiser par les chants touaregs, récits poétiques d’un peuple du désert.

 

Mer, désert ou montagne ?

Difficile de choisir, tant le pays est vaste. Pour les plages, Oran attire pour son ambiance festive, Annaba pour ses criques méditerranéennes, Béjaïa et Jijel pour leur côté sauvage. Côté désert, Timimoun est plus intime, presque confidentiel, alors que Djanet et le Tassili offrent le choc d’une immensité minérale et de peintures rupestres millénaires. Pour la montagne, la Kabylie séduira les randonneurs en été et les familles en hiver grâce au ski à Tikjda. Bref : l’Algérie est une destination qui oblige à revenir plusieurs fois.

 

Un pays qui se déguste

Chorba

L’Algérie est une table à ciel ouvert. Au nord, on retrouve le couscous algérois, la rechta aux pâtes fines et la chorba frik, soupe épicée servie pendant le Ramadan. À l’est, la chakhchoukha constantinoise se partage en famille, accompagnée de pain maison. À l’ouest, Oran régale avec sa calentica, héritage espagnol, et ses sardines grillées à la perfection. Au sud, la tradition touarègue propose la taguella, pain cuit dans le sable, et le couscous aux dattes, sucré-salé à souhait. Chaque région a sa signature, et chaque repas coûte rarement plus de quelques euros dans les gargotes populaires.

 

Le climat et quoi emporter

Voyager en Algérie, c’est affronter quatre pays en un. Sur la côte, les hivers sont doux, les étés très chauds. Dans les montagnes de Kabylie, on peut se réveiller sous la neige en janvier. Dans le Sahara, le thermomètre grimpe jusqu’à 50 °C en été, mais tombe à 5 °C la nuit en hiver. Il faut donc prévoir des vêtements adaptés : un chèche ou foulard pour le désert, un pull chaud pour les soirées d’hiver et des tenues couvrantes pour les visites de lieux religieux.

 

Pourquoi maintenant ?

Parce que l’Algérie reste un secret. Contrairement au Maroc ou à la Tunisie, elle n’a pas été dévorée par le tourisme de masse. Les prix y sont encore abordables, les paysages intacts et l’hospitalité intacte. C’est un pays qui se découvre aujourd’hui comme d’autres destinations se vivaient il y a trente ans : brute, sincère, généreuse. Voyager en Algérie, c’est prendre le temps, accepter l’imprévu et revenir avec des souvenirs qui dépassent les cartes postales.

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