France

L’île de Nantes : un concentré d’énergies créatives

Par Elise Chevillard / Publié le 14.09.2023

Blottie entre deux bras de la Loire, l’île de Nantes se fait mystérieuse, habitée par un grand éléphant, une crue jaune, mais aussi toute une faune artistique et culturelle qui la réinvente. Dans ce laboratoire à ciel ouvert où bouillonne la créativité, on crée, on imagine, on sort et on y vit. Et si on partait prendre le large sur l’île de Nantes ?

Crédit Photo : Office de tourisme de Nantes

Se rendre sur l’île de Nantes est déjà un voyage. Pour traverser la Loire, on choisira d’emprunter le pont Anne de Bretagne ou bien la passerelle Victor Schœlcher. Depuis quelques mois, on peut même la rejoindre par bateau via la nouvelle ligne de Navibus qui relie le Hangar à Bananes situé quai Wilson aux Docks de Chantenay, à la micro-brasserie Little Atlantique Brewery. Aujourd’hui, une véritable ville s’y est développée depuis quelques années à la suite d’un vaste plan d’urbanisation. 

La reconquête de l’île

 

Jadis, des moutons y paissaient, des navires sortaient des chantiers. On y faisait aussi des savons. En 1987, tout prend fin. Le Bougainville est le dernier navire à quitter les Chantiers Dubigeon, symbolisant la fin de l’époque industrielle. Aujourd’hui, sur cette ancienne friche industrielle, passé et futur se côtoient, car Nantes n’a de cesse de rester fidèle à son passé qu’elle célèbre et ne nie jamais. De nombreuses structures sont désormais devenues des institutions comme les Machines de l’Île, La Fabrique ou encore la cité Radieuse du Corbusiser.

Crédit photo : Elise Chevillard

 

Depuis plusieurs années déjà, une ligne verte s’est intégrée dans le paysage urbain et permet de visiter Nantes autrement. Tracée au sol, elle traverse la ville, se faufile le long des rues, s’efface par endroits pour réapparaître un peu plus loin. Il s’agit du Voyage à Nantes, un parcours urbain en cinquante étapes, qui se renouvelle chaque année entre juin et septembre. Depuis le centre-ville, elle nous guide jusqu’à l’île de Nantes.

 

Suivez la ligne verte

Sur les quais Hoche, des tables de ping-pong revisitées (de l’artiste Laurent Perbos) et des bancs ponctuent la promenade. On trouve aussi le mètre à ruban de Lilian Bourgeat , le pendule de l’artiste Roman Signer mais aussi l’œuvre de Nathalie Talec intitulée « In a silent way ». Les deux figures féminines, l’une avec un casque de réalité virtuelle, l’autre avec un casque audio sans fil dialoguent avec leur environnement urbain dans lequel elles se situent, dédié aux cultures numériques. Le long du quai, l’artiste Daniel Buren a posé 18 anneaux qui selon où le regard se porte, délimitent un cadre sur Nantes ou bien vers l’estuaire de la Loire. Rouges, verts et bleus, les « Anneaux de la Mémoire » s’auréolent de couleurs tels des phares dans la nuit pour rappeler l’histoire de la traite atlantique et de l’esclavage.

Crédit photo : Office de tourisme de Nantes

Un peu plus loin, un coup d’œil sur l’œuvre de François Morellet intitulée de « De temps en temps » nous permet de savoir quel temps il fera dans les quatre heures. Aujourd’hui, c’est un grand soleil rouge qui est dessiné, l’occasion de se mettre au vert dans le petit square Mabon situé juste à côté et qui a garde ce charme si confidentiel. Ici, aucune végétation n’a été plantée, tout est venu naturellement s’installer sur les dalles de béton, porté par le vent et les oiseaux. Ce jardin est d’ailleurs devenu un lieu pour observer le biotope naturel des bords de Loire. Il a pris place sur l’Ancienne usine Alstom.

 

L’île de la créativité

Crédit Photo : Office de tourisme de Nantes

Symbole du patrimoine industriel de l’île, les anciennes halles Alstom ont été rénovées pour accueillir une cinquantaine d’acteurs créatifs et culturels. « The place to be » pour de nombreuses entreprises, elles le sont aussi pour des lieux de formations, comme la nouvelle des Beaux-arts, un pôle universitaire dédié aux cultures numériques est à l’innovation. Depuis l’été 2022, on y trouve aussi un Food Hall, un espace de restauration qui regroupera des restaurateurs indépendants qui invitent au voyage… culinaire. De la cuisine d’ici et d’ailleurs mais avec des produits locaux et de saison, un bar, une dizaine de kiosques de restauration, un corner pop-up et un marché nocturne bihebdomadaire compose ce lieu.

Le bestiaire fantastique des Machines de l’île

Direction ensuite le quai des Antilles, théâtre d’un étrange ballet. Tout en majesté et légèreté, malgré son imposante ossature, un éléphant promène les passagers sur son dos. S’agit-il d’un pays merveilleux ou bien d’un monde inventé par Jules Verne ? Plus loin, ce géant d’acier de 12 mètres de haut croise une araignée aux dimensions à en effrayer plus d’un. Ces créatures sont nées de l’imagination de François Delarozière et de Pierre Oréfice. Dans la nef des anciens chantiers navals, les Machines de l’île se situent à la croisée des « mondes inventés » de Jules Verne, de l’univers mécanique de Léonard de Vinci et de l’histoire industrielle de Nantes. À l’intérieur, on découvre toutes les étapes de la création, du croquis à la réalisation finie. Plus loin, retrouvez votre âme d’enfant en montant dans le Carrousel des mondes marins, déployé sur trois niveaux. Des airs aux fonds marins, crabe géant ou poisson volant. Il n’y a plus qu’à choisir votre mouture.

Crédit Photo : Office de tourisme de Nantes

À boire et à manger

Les Machines de l’île font ensuite place à une succession de cafés, bars, et restaurants le long du quai des Antilles. Les Nantais appellent ce lieu, le Hangar à Bananes, car jusque dans les années 1970, on y stockait des bananes dans ces hangars. À l’arrêt de cette activité, le lieu deviendra une friche portuaire à l’abandon, peu à peu grignotée par la végétation avant que ne viennent s’installer bars et restaurants en 2007. Aujourd’hui, les deux grues qui veillent tels des titans d’acier sur l’ancien port, témoignent encore de ce commerce qui fut pendant longtemps florissant. L’endroit est entièrement piéton.

Ouvert sur la Loire, chaque bar et restaurant a voulu créer son identité propre. À l’Altercafé, on prône le commerce équitable, au Dock Yard on déguste une brune sur un vieux tonneau, et au Ferrailleur, place à une ambiance rock ! Entre tous les bars, il y a même une librairie, la HAB galerie dédiée à l’art contemporain qui met notamment en lumière des créateurs nantais. Ambiance bonne franquette à la Cantine. Ici, pas de chichi. Autour des grandes tablées de bois, on fait vite connaissance avec son voisin. Au menu, un plat unique, simple, mais avec de bons produits qui eux n’ont pas eu à voyager bien loin. Juste à côté des cuisines, poussent joyeusement légumes et fruits dans le potager qui partiront directement dans la cuisine du restaurant.