France

24 heures à Vienne Condrieu

Par Elise Chevillard / Publié le 21.09.2023

Après 18 minutes de Ter depuis Lyon, et face au temple d’Auguste et de Livie, vous aurez comme l’impression d’avoir franchi les Alpes et de vous trouver en Italie. Vous êtes pourtant encore en France et plus précisément à Vienne Condrieu, ancienne capitale de la Gaule romaine. Voici nos meilleures adresses et idées de visites pour découvrir cette terre d’épicurieuses et épicurieux, alors que l’été indien bat encore son plein.

Crédit photo : Elise Chevillard

8h. Prendre le pouls de la ville au bar du Temple

La ville s’éveille doucement. Les Viennois matinaux prennent déjà leur café en terrasse. Attablez-vous au bar du Temple pour prendre le pouls de la ville locale dans ce théâtre urbain à ciel ouvert. Ce bar, peut se vanter d’avoir la meilleure vue sur le temple d’Auguste et de Livie. Les couleurs encore douces de ce petit matin soulignent avec grâce les lignes et les courbes de cette mémoire architecturale de la Vienne gallo-romaine. C’est le seul temple romain encore debout en France avec la Maison carrée de Nîmes. Rien que ça ! Et son histoire, est encore plus étonnante.

Crédit photo : Elise Chevillard

Construit par les Romains au Ier siècle, et érigé sur l’emplacement du forum, ce temple fut au fil du temps une église, un tribunal, une bibliothèque ainsi qu’un musée. On peut y entrer uniquement lors de visites guidées. Alors pour l’admirer, prenez le temps, un café fumant entre les mains. Ses voisins ? Une tour médiévale avec son côté campanile et une vache en métal monumentale signée d’un artiste contemporain. Prochainement, il se murmure qu’elle devrait monter en alpage ou plutôt au sommet du théâtre antique… Affaire à suivre. Pour l’heure, il est temps d’aller se perdre à l’ombre des ruelles de Vienne.

10h. Flâner en ville et faire de jolies rencontres

Crédit photo : Elise Chevillard

Située à cheval entre l’Isère et le Rhône, Vienne existe depuis le Ve siècle avant Jésus-Christ. Elle fut capitale des Allobroges, deuxième ville de Gaule et deuxième port après Rome. Loin d’être une ville muséifiée, Vienne fait vivre son patrimoine vivant. Ici, l’histoire est partout et se dévoile à celui qui sait ouvrir les yeux. Alors le meilleur moyen de découvrir la ville, c’est de flâner le nez en l’air, avec un guide ou pas. 2500 ans d’histoire s’écrivent sur ses murs. Chaque période a laissé son empreinte au cœur de Vienne, que ce soit dans les pierres, sur des bouts de colonnes, ou encore des murs d’immeubles. Lors de votre flânerie, vous passerez d’une cathédrale à un temple en quelques petits pas, de ruines romaines à un héritage médiéval.

Crédit photo : Elise Chevillard

Justement, la cathédrale Saint-Maurice se dresse fièrement pour rappeler le rôle de Vienne au temps des Templiers. Elle fut (entre autres) le témoin de la naissance et de la chute de l’ordre des Chevaliers du Temple. Poursuivez ensuite vos déambulations romaines vers le jardin de Cybèle qui abrite le vestige d’un portique du côté oriental du forum. Puis, savourez la fraîcheur du petit cloître caché de Saint André-le-Bas au milieu de ses colonnes en granit, ses petites statues et ses bosquets fleuris. Dans les ruelles de Vienne, il règne comme un petit air de vacances. Les passants se hèlent joyeusement, on claque la bise facilement, tout le monde se connaît ou presque.

Crédit photo : Elise Chevillard

Flâner dans les rues de Vienne c’est aussi se laisser surprendre par des rencontres inattendues. Celle avec Jean-Jacques Dubernard en fait partie. Ce natif de la région « tripote l’argile » comme il aime le dire, depuis 1974. Après une quarantaine d’années à Chals dans le Rousillon, il a posé ses céramiques à Vienne, dans la rue des Clercs. Chaque jour, il est à son poste sur son tour manuel à pédales deux fois centenaire. Il continue de perpétuer des gestes millénaires comme la technique de la terre vernissée et façonne des bougeoirs en forme de personnages, des figurines animales…Mais un curieux objet attirera sûrement votre attention. Il est tout en rondeur, et quand on le remplit d’eau par immersion, il se met à chanter (ou pleurer) alors que l’eau sort de petits orifices percés dans sa partie inférieure. Il s’agit d’un Chante-pleure ». C’est un arrosoir médiéval, qui renaît grâce à Jean-Jacques. Ce dernier, l’aurait aperçu dans une gravure du XIVe siècle.

N’hésitez donc pas à pousser la porte de son atelier, on y trouve aussi des poteries par centaine qui se vendent jusqu’aux Etats-Unis et au Japon. Passionné et bavard, cet artiste vous racontera son histoire, et ne manquera pas de vous faire des démonstrations de tour. Régulièrement, Jean-Jacques organise des séances d’initiation à la poterie, à l’usage des novices. Il raconte même que Laetitia Casta  serait venue assister à l’un de ses cours. En atteste sa salopette de travail, qui l’attend toujours au porte-manteau…

12h.Manger une crique sur une charmante placette

Crédit photo : Elise Chevillard

Sur une charmante petite placette dominée par la tour de l’église de Saint-André-le-Bas, le restaurant l’Estancot satisfera vos ventres affamés. A l’ombre des vieilles pierres, attablez-vous sur sa terrasse installée dans la pente douce. La carte est courte et c’est bon signe. La spécialité ici, c’est la crique, une galette de pommes de terre râpées. Si elle est d’origine ardéchoise, elle devient ici viennoise, agrémentée d’escargot, de foie gras, de champignons…Dans des variations terre, mer et végétariennes. Une cuisine du terroir comme on aime, simple mais de qualité, avec toujours de bons produits.

14h. Traverser le Rhône pour se rendre au musée et sites gallo-romains

Crédit photo : Elise Chevillard

Et si on se téléportait en Gaule romaine des Ier et IVe siècles après J.-C en visitant le site archéologique du musée gallo-romain ? Il faut emprunter la passerelle depuis le centre de Vienne pour rejoindre à pied ce très beau musée situé sur la rive droite du Rhône à Saint-Romain-en-Gal. Il fut construit sur l’un des sites archéologiques les plus importants de France. Ses grandes baies vitrées ouvertes sur le fleuve et les jardins archéologiques, laissent filtrer une douce lumière qui met en valeur 2000 ans d’histoire. Se livrent alors aux visiteurs, des collections uniques, des mosaïques et des œuvres de céramiques d’une grande finesse qui décoraient jadis des maisons et des vestiges de villas romaines.

Crédit photo : Elise Chevillard

La visite se poursuit dehors dans les ruines au soleil couchant. Mettez vos pas sur les voies dallées présentes ici depuis plus de 2000 ans. Chaque jeudi du mois de juillet, des notes de musique s’élèvent et viennent emplir l’espace et faire vibrer les ruines dans le cadre des « Nocturnes du musée ». C’est un clin d’œil au Festival de jazz de Vienne, une belle façon de lui donner encore un peu de souffle jusqu’à la fin de l’été. Cette année, c’était un tour d’horizon des mélodies méditerranéennes.

16h. S’évader à vélo le long du Rhône

Crédit photo : Elise Chevillard

On dit de Vienne qu’elle est la porte d’entrée du Sud. Une chose est sûr, le Sud est accessible à vélo via la ViaRhôna. Cette route vélo relie le Léman à la Méditerranée en 815 kilomètres, dont 260 kilomètres entre Vienne et Avignon. L’Office du Tourisme propose des vélos mécaniques ou électriques à la location pour une demi-journée ou à la journée. Pour ceux qui veulent aller plus loin, depuis 2023, elle a lancé un service clés en main qui propose des transferts sur mesure de bagages, livrés sur chaque étape de l’itinérance.

C’est l’heure d’enfourcher votre monture pour partir à l’aventure le long de la ViaRhôna ! Cet itinéraire à deux-roues, relie Vienne à Condrieu, en passant par la réserve naturelle de l’île du Beurre et la plaine d’Ampuis. Serpentant entre fleuve et vignobles en terrasse, la route lisse et droite se laissera dompter facilement. Le Rhône d’un côté, les vignes de l’autre, filez le nez au vent.

Crédit photo : Elise Chevillard

Faites un stop à la guinguette d’Ampuis pour recharger les « batteries » ! La route s’écarte ensuite du fleuve et plonge dans la campagne. C’est l’île du Beurre, témoin du Rhône sauvage, espace naturel protégé qui abrite des espèces patrimoniales rares. Pied-à-terre, prenez le temps de barouder et flâner sur le sentier d’interprétation de 1,2 kilomètres, avec un guide ou pas. Dans les postes d’observatoires et selon les saisons, peut-être croiserez-vous des hérons cendrés, des grands échassiers en pleine nidification, des martins-pêcheurs,  ou encore des grèbes castagneux. Mais la star de l’île du Beurre, c’est le castor, beurre étant le nom qui lui était donné autrefois.

18h. Se promener dans la Vallée de Gère, quartier de l’industrie textile à Vienne, et visiter son musée

Crédit photo : Elise Chevillard

Situé au nord est de Vienne, le quartier de la vallée de Gère témoigne de l’industrie drapière qui pendant plus de deux siècles va faire vivre la majorité de la population viennoise. Tout autour de la rivière la Gère, des usines se sont développées, bénéficiant de la force de l’eau. Le temple de cette industrie ? L’ancienne bâtisse Proplan devenue en 2019 le musée de l’industrie textile et qui retrace les heures heureuses de cette riche industrie viennoise. Il présente une collection qui permet de se représenter la vie ouvrière de l’époque. Découvrez les différentes phases de la fabrication, depuis la filature au finitions en passant par le tissage, en déambulant parmi une collection de machines, des échantillons de tissus, des documents sonores et des vidéos. Ce projet de musée s’inscrit dans le cadre de la réhabilitation de ce quartier qui devrait les années à venir, s’offrir un nouveau visage.

20h. Manger un bout au bistrot 17

Crédit photo : Elise Chevillard

À Vienne, la gourmandise est bien loin d’être un vilain défaut, elle est même vivement conseillée. Car la ville, compte pas moins de 70 restaurants. De quoi y revenir, encore et encore. Berceau de la gastronomie française, la ville accueille de grands chefs qui ont à cœur de travailler les produits du terroir et revisiter les recettes locales. Situé dans une petite rue calme, interdite à la voiture, le Bistrot 17 fait partie de ces bonnes adresses que l’on s’échange avec plaisir. Des saveurs qui jouent avec les saisons, des assiettes aussi belles que bonnes, des prix doux…Voici le menu. Si votre séjour viennois se poursuit, notez de manger au Mama Trøtter, une cuisine zéro déchet au plus près des saisons et qui fait la part belle au végétal ou à Alquimia pour une rencontre franco-paraguayenne dans l’assiette.

21h.Assister à un concert au théâtre antique sur fond de soleil couchant

Crédit photo : Elise Chevillard

Il fut le plus grand théâtre antique de Gaule tombé dans l’oubli et redécouvert au début du XXe siècle après des déblaiements et travaux de restauration. Le théâtre antique de Vienne a été construit entre 40 et 50 après Jésus-Christ. Adossé à la colline de Pipet (235 mètres), il en épouse sa forme. Ce monument, dédié au divertissement et à la gloire de Rome, est l’un des plus importants vestiges de toute la Gaule romaine.

Aujourd’hui, si ses gradins ne se sont plus recouverts de marbre et que d’autres applaudissements et rumeurs ont remplacé les combats de gladiateurs, le théâtre antique continue de faire venir les foules. 7000 spectateurs peuvent prendre place, contre 13 000 à sa grande époque. Le théâtre est connu pour être la scène mythique du Festival de Jazz et accueille pendant  juillet, des artistes de renommées mondiales.

23h. Rejoindre Morphée au Grand Hôtel de la Poste

C’est un bon point de chute pour visiter la ville, l’ancien relais de Poste du XVIIIe siècle est aujourd’hui un hôtel 3 étoiles d’une trentaine de chambres situé à côté du théâtre antique. Labellisé « Accueil vélo » l’établissement met ainsi à disposition des cyclistes, un ensemble de services : pompe, kit de crevaison, prises pour vélo électrique… Au premier étage, le sol est recouvert d’une mosaïque gallo-romaine. Pas de doute, on est bien à Vienne Condrieu. Le papier peint a été chiné dans les brocantes, ainsi que les meubles qui donnent à l’hôtel ce petit côté vintage et suranné qui vous fera vous sentir comme chez vous. Le petit-déjeuner met en avant les produits du terroir. Aucune fausse note pour cette adresse on ne peut plus centrale.